Violences faites aux femmes : les professionnels de santé doivent se mobiliser
Jean-Pierre Gruest
(28/11/2017)
Lors de la Journée mondiale de lutte contre les violences faites aux femmes, le 25 novembre, le président de la République a déclaré que l'égalité entre femmes et hommes sera "la grande cause du quinquennat". Celle-ci sera décomposée en priorités annuelles thématiques, dont la première sera "la lutte contre les violences sexuelles et sexistes". Un projet de loi sur ce sujet sera d'ailleurs présenté en 2018 et une campagne gouvernementale va être lancée sur le modèle des campagnes de la prévention routière "qui, avec les années, ont modifié le comportement à force de pédagogie, de diffusion de modèles alternatifs".
Trois priorités pour les 5 prochaines années ont été annoncées : l'éducation et le combat culturel en faveur de l'égalité, un meilleur accompagnement des victimes et un renforcement de l'arsenal répressif. Pour cela, une opération de sensibilisation des parents, mais aussi des enseignants et des personnels sociaux et de santé des établissements scolaires, sera organisée à la prochaine rentrée pour les aider à mieux repérer les signes de cyberharcèlement, notamment.
Mais c'est dans le repérage que la mobilisation des professionnels de santé est la plus attendue car "ils sont souvent, sans le savoir, les premiers à être en contact avec des femmes victimes de violence, soit qu'elles arrivent en urgence, soit qu'elles arrivent régulièrement blessées", a expliqué Emmanuel Macron. Celui-ci souhaite ainsi que "soit généralisé le questionnement systématique des femmes sur le sujet du harcèlement et des violences par tous les professionnels de santé. Ces derniers devraient interroger les femmes qu'ils reçoivent la première fois, en leur demandant si elles sont ou été victimes de violence ou de harcèlement, avec libre exercice du jugement qui est celui d'un médecin ou d'un professionnel de santé".
Le Président souhaite également faciliter le parcours des femmes victimes de violences, notamment en les dispensant d'aller porter plainte le lendemain a commissariat après une prise en charge aux urgences. Il a également annoncé qu'un système de recueil de preuves sans dépôt de plainte sera mis en place dans les unités médico-judiciaires des établissements de santé.
Afin d'organiser la prise en charge psycho-traumatique des victimes, chez qui le nombre de tentatives de suicide est 5 fois plus important, des unités dédiées seront créées dans les hôpitaux. Dix unités pilotes seront lancées dans les mois qui viennent en France métropolitaine. "La résilience des femmes agressées ne passe pas seulement par une solution judiciaire, mais par la consultation par la reconstruction", a indiqué Emmanuel Macron, qui a précisé que "les soins psycho-traumatiques liés à ces violences pourront être pris en charge par la Sécurité sociale".