Antalgiques en vente libre : 60 millions de consommateurs souligne la dangerosité de l'aspirine
Sophie Conrard
- 10 mai 2018
Une enquête de 60 millions de consommateurs met en garde contre l'utilisation des anti-douleurs en automédication. L'aspirine est particulièrement déconseillée, selon le magazine, qui a passé au crible les 3 principales familles de médicaments antidouleur en vente libre dans les pharmacies (aspirine, ibuprofène et paracétamol) et recommande plutôt ce dernier.
Paracétamol, ibuprofène et aspirine sont souvent utilisés en automédication par les particuliers, qui ne mesurent pas toujours (loin de là) les risques potentiels. Au fil d'une enquête publiée dans son numéro de mai, 60 millions de consommateurs, qui a examiné à la loupe la composition de 28 médicaments, s'est rendu compte que tous les antalgiques n'étaient pas bons à prendre sans le conseil d'un médecin ou d'un pharmacien. Il faudrait même en écarter certains, qui exposent les usagers à des effets indésirables sérieux ou se caractérisent par un grand nombre de contre-indications.
L'automédication peut soigner des douleurs légères, mais il ne faut pas en prendre plus de 3 à 5 jours, en choisissant le bon médicament et le bon dosage, par rapport à l'âge de chacun, ses éventuelles maladies chroniques, une grossesse, etc.
Selon le magazine, qui recommande en particulier les marques Dafalgan et Doliprane, c'est le paracétamol qui présente le meilleur rapport bénéfices/risques. Mais attention, "ce n'est pas un bonbon", alerte le Pr François Chast, de l’Académie nationale de pharmacie, interrogé par le magazine. En cas de surdosage, il est toxique pour le foie. À raison de 10 g par jour, il devient mortel. Il faut savoir aussi que consommé avec de l'alcool, il est dangereux parce que le foie dégrade moins bien les toxines générées par son assimilation.
L’ibuprofène suscite des effets indésirables plus nombreux que le paracetamol : inconforts gastro-intestinaux, nausées, ulcères. Il est potentiellement toxique pour les reins. Le Pr Chast recommande donc "la prudence chez les patients qui souffrent déjà d’une insuffisance rénale fonctionnelle et chez les personnes âgées". 60 millions de consommateurs précise toutefois que "l’ibuprofène exerce une action anti-inflammatoire utile contre certains types de douleurs" et le conseille comme un second choix quand la prise de paracétamol ne soulage pas le patient, de préférence dans les marques Antarène, Advil, Nurofen et Spédifen.
L'aspirine comporte des risques de toxicité rénale et hépatique, ou encore de saignements gastro-intestinaux. Il est donc déconseillé d'en prendre en automédication.
En France, la consommation de paracétamol explose
En mars dernier, une étude publiée par la British Pharmacological Society, qui se base sur les données de l'Agence nationale de sécurité du médicament, a révélé que la consommation de paracétamol était en forte augmentation (voir schéma ci-dessous), en particulier dans sa version 1 000 mg. Entre 2006 et 2015, la consommation de paracétamol 1 000 mg est passée d'un peu plus de 15 doses par jour pour 1 000 habitants à plus de 40 ! En revanche, la version 500 mg voit sa consommation baisser. La consommation d'ibuprofène ou d'aspirine est plus marginale.
© anouchka/IstockPhoto/Getty Images Plus