Agnès Buzyn remplacée par Olivier Véran au ministère de la Santé
Sophie Conrard
- 17 février 2020
Propulsée candidate à la mairie de Paris pour La République en Marche (LREM), Agnès Buzyn a quitté ses fonctions au ministère de la Santé, où elle a été remplacée hier par le député de l'Isère, Olivier Véran.
Neurologue de formation, praticien au CHU de Grenoble (en disponibilité depuis qu'il a été élu député), Olivier Véran a été l'un des conseillers en santé du candidat Emmanuel Macron durant la campagne présidentielle (nous l'avions d'ailleurs interviewé à ce titre en avril 2017), au point qu'il avait été pressenti pour être ministre de la Santé. C'est aujourd'hui chose faite.
À l'époque, il nous avait expliqué qu'il souhaitait mettre "un très fort accent sur la prévention, en formant les étudiants en santé pour qu’ils aillent dans les milieux de vie, d’études et de travail porter les messages de prévention ; en démultipliant les initiatives des acteurs locaux grâce à des dispositifs de financement adaptés, sans les faire crouler sous la paperasse ; et en nous appuyant sur les professionnels de santé sur le terrain, dont les kinésithérapeutes".
Interrogé sur les dépenses de santé, il nous avait affirmé vouloir "en finir avec la logique du rabot à court terme" et réfléchir plutôt à "adapter les règles tarifaires, repenser nos organisations territoriales et investir dans la durée".
Pour lui, développer l'exercice mixte entre ville et hôpital serait un moyen de redonner de l'attractivité à l'exercice hospitalier, "au même titre que les conditions de travail et de rémunération, une préoccupation plus grande pour les carrières, un soutien spécifique dans les territoires de plus grande fragilité, etc.".
Interrogé sur l'accès direct, il avait laissé entendre qu'il y était favorable "pour certaines situations (en particulier celles pour lesquelles on dispose de données probantes chez nos partenaires étrangers), sur un territoire volontaire, pendant 1 an ou 2", en se donnant "les moyens d’évaluer sérieusement les impacts de ces innovations pour savoir s'il faut les étendre ou pas".
Espérons qu'il sera un interlocuteur à l'écoute de la profession.
Son parcours
Olivier Véran a inauguré le poste de rapporteur général de la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale, créé par une résolution du 28 novembre 2014. Il a été reconduit dans ces fonctions le 15 janvier. En cette qualité, il a porté successivement les projets de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2018, 2019 et 2020 à l'Assemblée nationale.
Il était jusqu'à présent rapporteur sur le projet de loi de réforme des retraites, dont l'examen doit démarrer aujourd'hui à l'Assemblée nationale.
Conseiller régional (ex-PS) en Auvergne Rhône-Alpes, il avait déjà été député de l'Isère de juin 2012 à avril 2015, suppléant Geneviève Fioraso, nommée ministre puis secrétaire d'État à l'Enseignement supérieur et à la Recherche dans les gouvernements de Jean-Marc Ayrault puis de Manuel Valls. Siégeant au sein de la commission des affaires sociales, Olivier Véran avait alors été rapporteur du titre "maladie" du PLFSS pour 2015, puis du titre I de la loi de "modernisation de notre système de santé" du 26 janvier 2016.
Il est l'auteur de plusieurs rapports, dont un sur l'intérim médical à l'hôpital (2013) et un autre sur la filière sang (2014). À la demande de Marisol Touraine, il a remis en avril 2017 un rapport sur la réforme du mode de financement des établissements de santé (notamment la T2A) à l'issue de près d'un an et demi de travaux et d'auditions.
Il a été candidat malheureux à l'élection à la présidence de la Fédération hospitalière de France (FHF) en septembre 2016, remportée par le président sortant Frédéric Valletoux. Plus jeune, il a été porte-parole de l'Intersyndicat national des internes des hôpitaux (Isnih, devenu Isni) en 2007-2008.
Il est aussi titulaire d'un master en gestion et politique de santé de l'Institut d'études politiques (IEP) de Paris.
Municipales à Paris : Agnès Buzyn "y va pour gagner"Après avoir répété pendant 48h qu'elle n'avait pas le temps de s'investir dans la campagne pour les élections municipales, en raison de son agenda chargé (réforme des retraites, crise de l'hôpital, coronavirus…), Agnès Buzyn a finalement accepté hier de conduire la liste LREM à Paris. "J’y vais, j’en ai envie. J’y vais pour gagner", a-t-elle déclaré dimanche après son entrevue avec le Premier ministre. "Je souhaite aujourd’hui partager avec les Parisiennes et les Parisiens mon désir de rejoindre la campagne municipale de Paris : j’aime Paris, je la connais, j’y suis née, j’y habite depuis toujours, et je pense avoir beaucoup à apporter à toutes celles et tous ceux qui, comme moi, y vivent au quotidien", écrit-elle dans une lettre d’intention qui a été transmise à l’Agence France-Presse (AFP). |
(avec APMnews et Hospimedia)
© DR et AFP/Ludovic Marin