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La HAS publie une réponse rapide sur la prise en charge de la souffrance des professionnels de santé

Sophie Conrard
- 15 mai 2020

Sur le front depuis 2 mois pour lutter contre la Covid-19, soumis à des contraintes de stress particulièrement importantes et inédites, certains professionnels de santé sont proches de la rupture. La HAS a publié le 13 mai une « réponse rapide » pour prévenir ces souffrances, les repérer quand elles surviennent et aider les personnes concernées.

« Les soignants, les personnels médico-sociaux et plus largement les intervenants du milieu de la santé sont en première ligne depuis le début de l’épidémie. Ils sont soumis à de multiples facteurs stressants voire traumatisants. Anxiété et épuisement peuvent générer une souffrance psychique, allant jusqu’à provoquer des symptômes dépressifs avec un risque suicidaire ou des troubles de stress post-traumatique qui sont à-même de perdurer après la crise. Dans ce contexte, nous publions une réponse rapide à l'attention de tous les intervenants du milieu de la santé, y compris les dirigeants et encadrants d’établissements et services de santé, sociaux et médico-sociaux qui sont responsables de la santé au travail de ces professionnels (PDF), et des pouvoirs publics », explique la HAS dans le communiqué qui accompagne cette « réponse rapide ».

L'essentiel tient en 7 points :

- n°1 : Depuis plusieurs semaines, les professionnels du monde de la santé sont en première ligne dans la gestion de l'épidémie de Covid-19 et cette situation dure. Ils sont soumis à de multiples facteurs stressants, traumatisants, qui les exposent à un risque majoré d’anxiété et d’épuisement, pouvant générer un état de souffrance psychique, voire des symptômes dépressifs avec un risque suicidaire ou encore un trouble de stress post-traumatique.

- n°2 : Les établissements de santé, sociaux et médico-sociaux, les organisations et plus largement les pouvoirs publics sont responsables de la santé au travail des professionnels du monde de la santé. Ils ont donc un rôle majeur dans la réduction du stress et la prévention de la souffrance du personnel : information claire et formation des personnels à leur mission en lien avec la Covid-19, adaptation des conditions de travail, accompagnement et soutien psychologique.

- n°3 : En tant que professionnel du monde de la santé, il est important, d’autant plus en situation de crise, d’accorder une grande attention à son propre bien-être pour tenir dans la durée. Au niveau collectif, suivre et soutenir le moral des équipes, notamment en facilitant l’expression des difficultés et des ressentis, permet d’apaiser les tensions vécues, de maintenir et de renforcer le lien de confiance et la cohésion d’équipe.

- n°4 : Tous les dirigeants, employeurs, encadrants, collègues, etc. sont concernés par le repérage des signes de détresse ou de souffrance psychique. Les temps d’échanges (formels et informels) doivent être favorisés. Si une souffrance est identifiée, l’écoute, le soutien et les encouragements entre collègues et membres de l’équipe sont précieux, dans le respect des besoins et de l’intimité de chacun. Une aide à la médiation peut être mobilisée le cas échéant (régulateur, psychologue, etc.).

- n°5 : En cas de souffrance nécessitant une prise en charge, il est très important de savoir passer le relais et d’informer les personnes concernées sur les ressources disponibles : plateformes téléphoniques, service de santé au travail, médecin traitant, professionnels de la psychiatrie et de la santé mentale (Cf. Ressources pages 10 à 12 - PDF).

- n°6 : Face à une situation de souffrance avérée, il est essentiel d’interroger le fonctionnement des organisations, services et structures dans le but d’améliorer les conditions de travail et de prévenir ces situations pour l’avenir.

- n° 7 : Une vigilance quant aux potentiels effets différés de la crise sur la souffrance psychique des professionnels du monde de la santé est indispensable (information des professionnels, maintien des dispositifs de soutien, adaptation des organisations à la prise en charge de ces effets à plus long terme).

Parmi les mesures pouvant être mises en place par les établissements, les employeurs, etc., la HAS cite en particulier différentes mesures de sécurité : « Assurer un accès constant aux équipements de protection individuelle nécessaires (masques, gels hydroalcooliques, blouses, etc.) sur le lieu de travail et pour les visites à domicile », « favoriser le recours à la télésanté lorsque la prise en charge du patient à distance est possible », « veiller aux périodes de repos et congés des personnels » ou encore, pour les libéraux, « constituer des binômes qui se relayent. Ce jumelage permet d'apporter un soutien mutuel entre professionnels, de diminuer le stress et de renforcer les procédures de sécurité vis-à-vis de la Covid-19 pour limiter le risque de contagion ».

Elle insiste sur le fait que le repérage et la prévention des situations de détresse « est l'affaire de tous » : « Chacun, en tant que proche, collègue, supérieur hiérarchique, membre de l’administration doit être sensibilisé au repérage des signes de détresse ou de souffrance psychique. Parmi ces signes, la HAS liste par exemple l’émotion négative, une baisse d’attention et d’efficacité, des perturbations relationnelles, des signes de fatigue intense… Pour les repérer, chaque temps d’échanges formels ou informels est précieux. Ceci donne l’occasion de repérer le mal-être d’une personne et de la soutenir dans le respect de ses besoins et de son intimité. Les professionnels doivent également prendre soin d’eux-mêmes, accorder une grande attention à leur propre bien-être et prendre le temps de se ménager : temps de repos réguliers, alimentation régulière, entraide entre collègues. S’il peut paraître difficile de décrocher durant cette période, c’est plus que jamais important pour tenir dans la durée. »

S'organiser dans la durée
Elle évoque aussi des mesures de soutien : « S'assurer de la pérennité des dispositifs de soutien psychosocial (soutien téléphonique, consultation assurée par des psychologues et des psychiatres, permanences de travailleurs sociaux). En garantir l’anonymat d’accès et la confidentialité. », « organiser un appui logistique des personnels : hébergement, transport, garde d’enfants, restauration, etc. avec une attention particulière aux parents isolés », « envisager entre la sortie de crise et la reprise du travail habituel un sas de décompression (sur le temps de travail) composé de temps de détente, d’activité physique et d’échange groupal pour aider à l’élaboration de l’expérience vécue (sur le modèle du sas de fin de mission de l’armée). Proposer un débriefing si besoin par un intervenant extérieur. », « considérer de façon collective et concertée une reconnaissance financière, statutaire, d’évolution de carrière, etc. ».

Face à un professionnel en souffrance, savoir l'orienter et passer le relais
Après avoir détaillé les signes qui permettent de repérer une situation de détresse (pages 7-8 – PDF), la HAS insiste sur le fait qu'il est important d'écouter une personne en souffrance, mais aussi de savoir passer la main. « La prise en charge ne doit pas être effectuée par l’entourage professionnel direct de la personne en souffrance. Il est nécessaire de passer le relais en proposant à la personne de consulter d’autres professionnels de santé tels que ceux exerçant dans les services de santé au travail, les professionnels de la psychiatrie ou encore le médecin traitant. »

La plateforme d'écoute de SPS

L’association SPS (Soins aux Professionnels en Santé), reconnue d’intérêt général, met à disposition des soignants son dispositif d’aide et d’accompagnement psychologique.

Ce dispositif, qui a déjà fait ses preuves, est accessible par le Numéro Vert 0 805 23 23 36 (gratuit, 24h/24 et 7j/7) ou par le biais de l'application mobile « Asso SPS ». Il permet d'accéder aux 1 000 psychologues, médecins généralistes et psychiatres qui composent le réseau national du risque psychosocial déployé par l'association.

Rappel : ces préconisations, élaborées sur la base des connaissances disponibles à la date de leur publication, sont susceptibles d'évoluer en fonction de nouvelles données.

Commentaires :

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THIERRY abonné n° 10883 à écrit :(126)
Fg
THIERRY abonné n° 10883 à écrit :(125)
Article très intéressant qui reflète bien le malaise de la profession
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