Vivre confinés
Courrier des lecteurs
- 8 mars 2021
Une enquête menée par l’Espace Éthique Île-de-France entre le 1er décembre 2020 et le 13 janvier 2021, pendant la deuxième phase de confinement liée à la pandémie de Covid-19, remonte les éléments suivants.
La disparité est marquée entre ceux qui ont repris une activité et ceux qui pâtissent encore de l’isolement. La solidarité du premier confinement, en particulier envers le personnel soignant, fait place à l’individualisme et l’égoïsme quant au port du masque ou à l’accès au vaccin.
L’inquiétude fut plus forte lors de ce deuxième confinement. L’angoisse, la détresse psychologique donnent l’impression d’un avenir bouché. D’autant plus que les mesures adoptées semblent incohérentes et arbitraires. Quand elles sont acceptées, il est énervant de ne pas les voir respectées.
Les liens naturels sociaux, familiaux ou de voisinage sont remis en cause et érigés en barrière. Le commerce est derrière l’écran. La pratique sportive se fait à l’isolement et encore derrière l’écran. Le spectacle se déroule à domicile, toujours derrière l’écran. Et les artistes masquent leur déprime en jouant devant des salles vides peuplées de fantomatiques téléspectateurs. Nous ne sommes plus liés à l’autre, mais à l’écran !
Les initiatives diminuent, l’inventivité se tarit, le dynamisme s’affaiblit. Par contre, la notion d’enfermement se précise. Dans ces conditions, comment penser le monde d’après ? L’ouverture de l’avenir ?
La génomique qui révèle nos prédispositions à développer une pathologie, la modélisation des systèmes informatiques qui permet de prévoir le climat dans des dizaines d’années, les études démographiques qui traduisent les enjeux du vieillissement à l’horizon 2050, sont-elles de nature à rassurer ?
Tant que la situation sanitaire n’est pas assainie, que le masque, le confinement, le couvre-feu paralysent la vie sociale et économique, un manque de visibilité rend difficile la conception d’un avenir ouvert. Mais à chacun de répondre selon son projet de vie !
Bernard Gautier (93)
Source : Revue française d’éthique appliquée n°10, 28 février 2021.