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"Pressothérapie et œdème : que reste-t-il des raisons d’être contre ?"

Jean-Claude Ferrandez
- 1er décembre 2021

Cette réflexion sur la pressothérapie nous a été proposée par Jean-Claude Ferrandez, un kinésithérapeute spécialiste des œdèmes et de la prise en charge des patientes opérées d'un cancer du sein, formateur dans ce domaine et président de l'Association française des masseurs-kinésithérapeutes pour la recherche et le traitement des atteintes lympho-veineuses (AKTL).

Tout avait mal commencé, avec la pressothérapie pneumatique dans les années 1980, quand les kinésithérapeutes découvrirent le traitement des lymphœdèmes. Ils acquirent une cotation de facturation pour le traitement s’ils utilisaient une technique de drainage manuel et un bandage de décongestion.

De là, à remplacer pernicieusement le drainage manuel par la pressothérapie et à oublier de mettre un bandage, certains sautèrent le pas. Les résultats cliniques n’étaient évidemment pas au rendez-vous. On assista à une levée de boucliers, on accusa la pressothérapie d’incompétence. Cela simplifiait le procès en le raccourcissant. De nombreux médecins se mirent à stipuler sur leur ordonnance : "drainage manuel, pas de pressothérapie". Situation curieuse et paradoxale car l’utilisation de la pressothérapie associée à un bandage compressif faisait l’objet d’une cotation médicale : K 20. Il y avait donc confusion de responsabilité.

Pressothérapie pneumatique : comment ça marche ?
Le membre est enveloppé par un manchon ou une botte. Ces éléments sont composés d’alvéoles gonflables. Leur mise en pression, avec l’air issu d’un compresseur, permet d’appliquer une pression sur le membre. Les appareils actuels sont confectionnés de plusieurs alvéoles dont la mise en pression s’effectue classiquement mais pas systématiquement de la distalité vers la racine.

Que peut faire la pressothérapie pneumatique sur un œdème ? Pour comprendre son mode d’action, il faut lui envisager plusieurs effets combinés : veineux, lymphatique et tissulaire.

Sur le réseau veineux, la pressothérapie utilisant une compression centripète augmente le retour du sang veineux. Son utilisation est comparable au massage manuel circulatoire qui chasse le sang du distal vers la racine. L’effet est en relation avec le gradient disto-proximal, comparable à celui d’un bas médical de compression. La chasse veineuse est analogue à celle d’un effet amélioré par la déclive. Cet outil est utilisé par certains en prévention des thromboses veineuses profondes.

Sur le réseau lymphatique, la pressothérapie permet un avancement de la lymphe présente dans les collecteurs lymphatiques (démonstration lympho-scintigraphique). Le débat qui fit rage fut de savoir si ce traitement favorisait également la résorption lymphatique. Les résultats des travaux isotopiques étaient discordants selon les auteurs (voir plus loin le dosage de la pression).

Sur le système interstitiel, la pressothérapie permet, dans certaines conditions, un déplacement de la phase liquidienne de l’œdème par translation.

Comment l'utiliser ?
En prenant en compte le mode d’action de cette technique [1], il reste à savoir l’utiliser. Son mode d’emploi n’est pas le même pour tous les œdèmes et nécessite une évaluation clinique. Le choix du moment dans la séance, avant ou après le drainage manuel, celui de la pression utilisée et la longueur de la séance sont déterminés par le kinésithérapeute. Ce choix de la pression explique les résultats différents des études protocolisées qui ont essayé d’évaluer l’efficacité en lympho-scintigraphie.

Pour être utile dans le traitement d’un œdème, le choix de ces paramètres (notamment la pression exercée [2]) sont adaptés à chaque patient et à chaque séance.

Au final et sans parti pris, la pressothérapie est un outil utile pour le traitement des œdèmes. Son adaptation à la clinique est l’assurance de son efficacité. On retrouve de nombreuses analogies de ses effets vasculaires avec ceux de la compression par orthèses ou bandages. Ce n’est finalement que peu surprenant puisque la pressothérapie pneumatique est souvent appelée la compression pneumatique intermittente. Alors, quelles raisons resterait-il d’être contre ?

 

Jean-Claude Ferrandez est masseur-kinésithérapeute à l'Institut du Cancer Avignon-Provence et président de l'AKTL.

[1] Comme toute technique, elle a des contre-indications et non indications.
[2] La réelle pression appliquée sur l’œdème est toujours inférieure à celle lue sur le manomètre.

© Phynart Studio/Istock/Getty Images Plus

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