Déserts médicaux : Agnès Buzyn précise son plan de lutte
Jean-Pierre Gruest
- 17/08/2017
L'ampleur du problème des déserts médicaux est telle que le Premier ministre a demandé à Agnès Buzyn un plan d'urgence qu'elle devrait lui remettre en septembre prochain. De fait, à peine confirmée en tant que ministre de la Santé, celle-ci l'avait placé en tête de ses priorités.
En effet, même "si beaucoup de choses ont été faites par mes prédécesseurs, cela n'a pas répondu à la diminution de la démographie des professionnels, qu'ils soient généralistes ou spécialistes, et qui risque de s'aggraver dans les années qui viennent", a-t-elle indiqué, assurant avoir entendu "l'inquiétude" des Français sur ce sujet. Interrogée le 18 juillet par la commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale, la ministre a précisé que ce plan viserait à lever "tous les blocages administratifs qui peuvent gêner parfois des exercices mixtes, des exercices en consultations avancées, des délégations de tâches entre professionnels, etc."
Pour cela, elle juge nécessaire d'utiliser "toutes les bonnes volontés" (des ARS, des collectivités territoriales et des professionnels de santé) et de mettre en œuvre des solutions "diversifiées et adaptées" aux territoires. Si la création de maisons de santé pluriprofessionnelles fait partie des principales mesures envisagées, "ce n'est pas la seule solution", insiste Agnès Buzyn.
Parmi les autres leviers, elle cite la télémédecine "que nous développerons en libérant les énergies et en facilitant le financement" et les pratiques avancées de professionnels paramédicaux. Une mesure préconisée de longue date par les masseurs-kinésithérapeutes, et en particulier la FFMKR qui s'était longuement penchée sur la question lors des 15es Assises de la kinésithérapie, à Lyon, en septembre 2012 !
La ministre de la Santé souhaite également "libérer l'exercice pluriel, issu des hôpitaux" pour que "les professionnels de santé hospitaliers puissent, en délégation, aller couvrir un territoire de santé désertifié pendant une à deux journées de leur exercice". Une responsabilité territoriale pour laquelle elle souhaite également voir les professionnels libéraux s'engager, l'idée étant de coordonner tous les acteurs impliqués "en concertation et coconstruction".
Agnès Buzyn a par ailleurs annoncé que le prochain PLFSS comporterait un financement pour lutter contre cette désertification médicale "de façon à libérer ces possibilités d'exercice et d'organisation innovants", l'idée étant d'avoir "des mesures d'ores et déjà applicables dès 2018".