Messieurs Deleau et Pommier,

Notre syndicat départemental vous remercie d’avoir accepté son invitation. Nous allons parler de vos activités et de la relation que vous entretenez avec elles.
Monsieur Deleau, vous vendez des baignoires. Monsieur Pommier, vous récoltez des pommes. Vos activités prospèrent et vous aimez ce que vous faites.
Monsieur Deleau, votre nom est tout à fait respectable et vous le faites respecter par votre sérieux et votre efficacité. Mais si vous portiez un autre nom, par exemple Archimède, pensez-vous que ce changement de nom ferait de vous un autre homme ? Qui plus est, à l’origine de la formulation de la poussée du même nom ?
Monsieur Pommier, votre nom est tout à fait respectable et vous le faites respecter par la qualité de votre travail et la serviabilité dont vous faites preuve. Néanmoins, si vous deviez changer de nom et vous appeler par exemple Newton, pensez-vous que cela soit suffisant pour faire de vous un autre homme, capable de déduire de l’observation les lois de la gravité et, bien sûr, s’exprimant en anglais ?
L’un et l’autre se regardent, étonnés de cette question qui ne leur semble pas découler du bon sens. Quelle idée de vouloir changer de nom pour changer de fonction !
“Vous nous prenez pour des poires”, répond l’un deux. “Comment voulez-vous que le simple fait de changer de nom change nos capacités ? Nous sommes ce que nous sommes dans la plus grande fierté. À quoi bon chercher à être ce que nous ne sommes pas et que d’ailleurs nous n’avons pas envie d’être.”
Puis s’interpellant l’un et l’autre :
- Monsieur Deleau, si vous vous appeliez Archimède, vous devriez sortir de la baignoire. Vous y passez beaucoup trop de temps, cela vous ramollit. Vous pourriez vous rendre sous le pommier pour que la chute des fruits sur la tête vous ragaillardisse.
- Et vous, Monsieur Pommier, si vous vous appeliez Newton, il faudrait vite sortir de dessous l’arbre avant que votre crâne ne soit trop bosselé et vous plonger dans une baignoire d’eau froide, évitant ainsi œdème et hématome.
Vous ne manquez pas d’humour, messieurs, et votre bon sens vous fait honneur. Vous êtes des professionnels mais aussi des patients, et vous comprenez que nous nous posions ces questions. Vous nous encouragez à rester ce que nous sommes : des praticiens conscients de leur efficacité mais aussi face à un défi, celui de faire évoluer la profession vers un exercice médical à compétences définies. Ce qui nécessite également de s’engager sur les voies de la recherche et des publications, indispensables à notre reconnaissance nationale et internationale. Tout ceci contribuant à votre santé, messieurs, comme à celle de l’ensemble des patients.
Notre syndicat départemental vous remercie d’avoir participé à cette table ronde.

Bernard GAUTIER (93)