L’hebdomadaire de la profession
pour les kinésithérapeutes

"Économie, philosophie et négociations"

courrier-des-lecteurs

13 juillet 2016

Votre courrier :

Les étudiants qui commenceront leurs études de masso-kinésithérapie en 2017 dans la nouvelle formule LMD (Licence, Master, Doctorat) n’aborderont pas la philosophie, ni l’économie. On peut le regretter car elles aident à la réflexion et à la connaissance.

Mais ces matières s’étudient en formation continue, comme en attestent les 17es Assises nationales de la kinésithérapie, organisées par la FFMKR et Kiné actualité les 18 et 19 juin à Brest.

L’économie est une discipline qui pose des chiffres et des statistiques sur l’activité humaine, en l’occurrence la santé et plus précisément la masso-kinésithérapie. On parle de dépenses et donc de coûts, mais aussi de ce qui est plus difficile à chiffrer : la valorisation de l’activité. Le diagnostic comptable met en évidence les déficits de l’assurance maladie et les bénéfices des complémentaires.

Or les négociations conventionnelles vont s’engager avec l’organisme déficitaire, et pas avec le bénéficiaire.
On devine la suite.
La philosophie vient-elle au secours de cette situation économique tendue ? Notre philosophe-conférencière Marie Gaille s’intéresse tout particulièrement à Machiavel, conseiller politique au 16e siècle et auteur du Prince. Son nom est attaché à un dérivé peu attractif, le “machiavélisme”. Homme habile, il dispensait des conseils éclairés aux détenteurs du pouvoir. C’est donc une réflexion sur le pouvoir oscillant entre celui qui dirige, ceux qui sont dirigés et qui veulent, à un moment ou un autre, diriger à leur tour. La régulation du pouvoir se fait alors par la loi.

Comment tout ceci peut-il aider les négociateurs lors des futures discussions conventionnelles ? Ils n’ont pas le pouvoir puisqu’il est détenu par le “Prince” (le directeur général de l’assurance maladie). Mais ils connaissent la loi, la loi de santé qui a nouvellement défini la profession, la projetant dans un futur ouvert à la négociation de l’accès direct. Ce transfert de compétences est très cadré puisqu’il concerne les situations d’urgence en l’absence d’un médecin. C’est donc un début prometteur qu’il faudra entériner puis ensuite financer. Avant cela, il faudra refondre la nomenclature et la mettre en adéquation avec la notion de fonction et non plus d’acte, revenir sur la régulation démographique, la prise en charge de deux séances le même jour pour le même patient…

Souhaitons que les parties aboutissent à un accord gagnant-gagnant et non pas à une situation de crise où serait apposé, sur la porte du “Prince”, un écriteau “sortie libre” [1] mettant fin au dialogue. Mais d’ici là, le peuple des syndicats départementaux sera consulté.

Bernard Gautier (93)

[1] “Free exit” pour les “physiotherapists”.