L’hebdomadaire de la profession
pour les kinésithérapeutes

"On brade la kinésithérapie en Ehpad"

courrier-des-lecteurs

8 février 2017

Votre courrier :

À l’attention du Directeur de la CPAM*

Monsieur,
Dans votre mail, vous sous-entendez sans ambiguïté que je surcote les traitements que je délivre à mes patients résidant en Ehpad. En outre, vraisemblablement fort de votre grande expérience de la rééducation en établissement médicalisé pour personnes âgées, vous affirmez que l’intervention des kinésithérapeutes dans ce genre de structures se limite à l’entretien de la marche de leurs patients. Et pour terminer, vous me rappelez que la kinésithérapie ne peut être prise en charge que si elle est prescrite (ah oui, vraiment ?!) et mettez clairement en doute mes compétences dans le domaine de la déontologie administrative et mes capacités à établir une cotation en accord avec la NGAP.
J’ai laissé passer quelques jours avant de répondre à vos propos insultants, afin de recouvrir le calme et la sérénité qui conviennent face à l’inepte.
Je vous apprendrai donc qu’à la résidence XXX*, seul Ehpad dans lequel j’interviens, la déambulation des résidents est assurée par l’ergothérapeute et les animatrices, les kinésithérapeutes n’intervenant que pour des actes techniques que je ne détaillerai pas ici, votre science de la chose ayant l’air très avancée.
Je vous invite à vous plonger dans la NGAP que vous citez, afin d’y découvrir toute une catégorie d’actes liés à des pathologies neurologiques, rhumatologiques, respiratoires, et j’en passe et des meilleures, au sein desquelles le kinésithérapeute choisit les méthodes et techniques les plus opportunes pour son patient.
Cette démarche se fait dans la plus grande liberté et, la prescription médicale étant une délégation de l’acte à dispenser dans un climat de confiance et de respect, le prescripteur se risque rarement à imposer ou même suggérer la façon de réaliser le travail, le contexte de la pathologie précisée par la prescription étant suffisant à l’élaboration du protocole par le kinésithérapeute.
Pour terminer, je préciserai que plus de trente années de pratique assidue, associées à une longue expérience syndicale, m’ont rompu à toutes les finesses de ce texte quelque peu désuet, bien que toujours en vigueur. Je vous prierai donc, à l’avenir, d’éviter de me faire la leçon dans ce domaine.
Sur le fond, votre démarche est inquiétante. En effet, la population française vieillissante va demander de plus en plus de soins liés à l’âge, dont la kinésithérapie. Votre volonté de brader nos actes (non revalorisés depuis des temps immémoriaux), dans ce contexte, démontre que l’assurance maladie entend nous faire supporter une partie du coût de ce phénomène sociologique. Tout cela est très injuste et démontre une fois encore que votre administration n’a toujours pas compris que la médecine libérale présente la meilleure relation qualité/prix possible.

*Nous avons anonymisé cette lettre pour ne pas nuire à son auteur.