L’hebdomadaire de la profession
pour les kinésithérapeutes

"Le vieux et le salon de rééducation"

courrier-des-lecteurs

25 octobre 2017

Votre courrier :

Le salon Rééduca, c’est beaucoup de nouvelles technologies, qui transpirent la modernité échevelée. Et la guimauve commerciale qui dégouline, qui vous amène gentiment à surtout ne pas mettre la main dans le cambouis. Toucher un malade ? Jamais ! (…)
Bon d’accord, je n’aime pas la physio. Brancher des fils, c’est pas mon truc. À la place des électrodes, je mets des ventouses. J’aime ce qui booste les défenses naturelles. L’avantage de cette thérapie, c’est qu’elle remonte du fond des âges.
J’utilise aussi beaucoup mes mains. Je fais encore des massages thérapeutiques. Les autres massages aussi. Toucher le patient ne m’a jamais fait peur. Je travaille avec un swiss ball, un tabouret ou une chaise, des haltères, un bâton de gymnastique, ma cage à poulies avec mes fils et mes poids. Et j’applique la fameuse séance à 30 minutes, comme la Sécu aime. (…)
Vous avez dit “surmenage” ? L’avantage c’est que nous sommes tous ex-aequo sur ce plan. Que vous utilisiez des appareils ou vos mains, il faut en faire des heures pour que le métier soit rentable. Il y a 20 ans, il était plus facile de gagner sa vie que maintenant ! (…)
Je me sens maintenant comme un vieux clou rouillé, bon à être jeté. (…) Je voudrais décrocher. Mes camarades de promo et moi-même, nous avions souscrit, à l’époque, un contrat virtuel qui stipulait que nous partions à 65 ans à taux plein. On veut aujourd’hui que nous fassions quelques mois de rallonge, parce que nous vivons tous plus vieux qu’avant et que ça coûte cher à l’État. Stop ! Je ne suis pas d’accord ! Je veux bien laisser ma place aux jeunes ! (…) Je laisserai les clés du cabinet, mon vieil ultrasons qui a 15 ans et ma vieille table de massage des années 1960.

Patrice Bourdicaud (93)