L’hebdomadaire de la profession
pour les kinésithérapeutes

"Pourquoi va-t-on chez le kiné ?"

courrier-des-lecteurs

14 novembre 2017

Votre courrier :

L’éditorial du Kiné actualité n°1506 a le mérite de poser les bonnes questions. (…) La douleur, c’est la raison première des rendez-vous. Et pour 60 % de notre temps, c’est bobo le dos ! La demande : “Allo le kiné ? Mon médecin m’a prescrit des massages.”
Si le patient a mal, il y a certainement une raison. Ce n’est pas le doigt punisseur d’un dieu vengeur qui a déclenché la douleur (on m’a déjà fait la réflexion).
(…) Quatre questions pour désacraliser la douleur : Où ? Quand ? Comment ? Pourquoi ? Il faut mettre des mots sur la souffrance, pour qu’elle ne reste pas comme un nuage vague et nébuleux. Il faut la poser sur la table, comme on le ferait d’une valise, pour pouvoir regarder ce qu’il y a dedans, chercher les causes et les raisons. (…)
Le kiné ne fait jamais mal. Le patient a peur de son corps. Le massage détend. Il n’est pas douloureux. Le patient apprivoise son corps, avec l’aide des mains du kiné.
Les exercices de rééducation ne sont pas douloureux. Ils restent à la frontière de la non-douleur. Pour mon corps, j’ai toujours refusé le traditionnel “c’est un mal pour un bien”, et j’applique aux autres ce que j’accepte pour moi. Le patient a peur du mouvement ? Nous sommes là pour l’aider à l’apprivoiser. (…)
Oui, la douleur est un mal nécessaire. Un clignotant pour avertir d’un problème, qu’il faut savoir décrypter. La douleur est forcément subjective. On n’approche pas celle d’une danseuse classique comme celle d’une secrétaire non sportive.
Oui, elle est un élément déterminant dans le déroulement de chaque séance. À chaque rendez-vous, j’ose poser la question : “Comment allez-vous aujourd’hui ?” pour connaître l’évolution de sa douleur et son comportement face à celle-ci.
Non, je n’ai pas eu de cours sur la douleur dans ma formation initiale, et je n’ai pas fait de formation complémentaire. Je m’appuie sur mon expérience. Je déteste avoir mal. (…) Je prends mon temps pour apprivoiser ma douleur, et si ça ne suffit pas, j’avale un cacheton. (…)

Patrice Bourdicaud (93)