“Les yeux sont le miroir de l’âme.” Cette expression n’aura jamais eu autant de sens qu’en ce moment où, confinés derrière leur masque, les patients ne nous offrent que cette porte d’entrée pour y lire leurs émotions, leurs douleurs ou leurs angoisses.

Les yeux laissent transparaître les craintes, les soulagements. Les rires parfois.

Cette période m’aura fait progresser dans l’interprétation de ce langage muet du regard de l’autre, lorsque le langage parlé est étouffé derrière cette barrière de tissu qui rassure les uns, agace les autres et gène d’autres encore.

Pas de mimique pour nous alerter que le mouvement va faire mal, ou qu’il risque de dépasser une limite qui n’a plus été atteinte depuis un temps déjà. Seule l’expression des yeux nous sert d’interface pour communiquer hors les mots.

Pas de mimique non plus pour nous remercier du soulagement apporté par un massage, un étirement ou toute autre manœuvre. Rien que des yeux. Une paire d’yeux dépassant de ce carcan protecteur.

Peut-être que je n’avais jamais remarqué les yeux de certains ou certaines. Aujourd’hui, ils sont évidents. Évidents d’expressions, de sentiments.

Je ne verrai plus jamais les yeux de mes patients et de mes congénères comme avant.

Marc Diard
Secrétaire général FFMKR 94

Courrier paru dans le KA n°1570du 16 juillet 2020.