Généralement, c’est le Nord qui porte son savoir et sa technologie vers le sud. Mais le Nord, malgré sa production de richesses et l’investissement qu’il place dans son système de santé, atteint des limites qui le conduisent à regarder plus attentivement au Sud et à s’inspirer d’initiatives se développant à moindre coût dans le respect de l’exigence de qualité.

Au Népal, la chirurgie des yeux avec pose de lentille intra-oculaire revenait à 100 €, réduisant par là même l’accès aux populations à faibles revenus. La fabrication sur place de lentilles réduit à présent les coûts à 4 €. Ceci permet de standardiser le protocole dans 30 pays. (…) En Côte-d’Ivoire, 80 % de la population possède un téléphone portable. L’utilisation du SMS facilite le suivi des vaccinations. (…)

Alors, la médecine coûte-t-elle trop chère ? Dans les pays où elle n’est pas répandue, elle coûte très cher, entre épidémies et mortalité. Dans les pays où elle est développée, elle se mesure en dépenses. Mais est-ce la bonne terminologie ? Le bien-être et la santé ne sont-ils pas une richesse davantage qu’un coût ?

Le problème n’est-il pas le gaspillage qui se répand au détriment de l’efficacité ? La solution n’est-elle pas la prévention et l’augmentation de son budget bien au-delà de 5 % ?

L’innovation est également essentielle. Il reste beaucoup à faire pour traiter les 6 000 maladies rares, dont seulement 200 bénéficient de médicaments. Les nouvelles technologies, la médecine connectée avec ses appareils de mesure, ses robots, ses écrans, modifient le contact avec le patient. Le transfert et la délégation de tâches (…) améliorent la prise en charge du patient. Ce dernier manifeste un intérêt particulier pour se responsabiliser dans son rôle de patient expert, ou plus simplement comme acteur de sa santé.

Dans ce bouleversement technologique, il ne faudra pas inverser les valeurs. Le contact, le dialogue, l’accompagnement, l’empathie sont les bases de toute relation humaine. (…)

Bernard Gautier (93)