Passage en force
Sophie Conrard
Kiné actualité n° 1395 - 05/03/2015
Sur un terrain de handball, le “passage en force” est sanctionné et l’arbitre rend le ballon à l’adversaire. Sur le terrain politique, cette technique a récemment permis au Premier ministre de faire passer la loi Macron, qu’il n’était pas certain de voir voter par les députés. Sera-t-elle également employée par Marisol Touraine pour faire passer sa loi de santé ? Il est vrai qu’elle a rédigé le projet de texte sans les principaux intéressés (professionnels et patients). Après seulement, elle a ouvert des groupes de concertation – qui n’avaient pas des mois mais seulement trois semaines pour discuter de cette loi si importante pour le système de soins français et remettre leurs conclusions, et qui avaient l’inconvénient de ne pas inclure tous les professionnels de santé.
Le problème, c’est que la technique du passage en force est souvent efficace. Et si ça marche, on aurait tort de se priver ! Prenons un exemple au hasard, avec les médecins : le 12 avril 2010, ils ont augmenté leurs tarifs de 1 €, faisant passer le C de 22 à 23 €, alors que ce changement leur était promis pour le 1er janvier 2011. Il est vrai qu’il avait été formalisé dans un avenant signé en 2007, mais personne (si ce n’est certains patients, mais qui s’en souciait ?) ne leur a reproché d’avoir anticipé de presque neuf mois cette revalorisation de leurs honoraires. Il est très probable que demain, ils obtiennent gain de cause pour ce qui concerne le tiers-payant généralisé – promesse de campagne de François Hollande – dont ils ne veulent pas entendre parler.
De notre côté, nous avons adopté une technique plus douce et pris le temps de la réflexion pour opérer une petite révolution sur notre site Internet. Je vous en reparlerai en détails dans un prochain numéro. En attendant, je vous invite à le découvrir à partir de cette semaine…