Protocoles de coopération interprofessionnels : les paramédicaux déçus
Sophie Conrard
- 5 octobre 2020
Six protocoles de coopération entre médecins et paramédicaux seront financés par l'assurance maladie, dont un sur l'entorse de cheville et un sur la lombalgie, dans lequel sont impliqués les kinésithérapeutes. Problème : la rémunération prévue est très faible.
Ces 2 protocoles permettent, dans certains cas, la délégation par un médecin généraliste à un kinésithérapeute de la prise en charge d'un traumatisme en torsion de la cheville et de la douleur lombaire aiguë inférieur depuis moins de 4 semaines. C'est l'assurance maladie qui paiera. Mais attention : "la facturation de ces protocoles ne saurait être cumulée avec une cotation de droit commun réalisée le même jour et le lendemain, pour les mêmes patients, et par les mêmes professionnels", précise les textes. De même, "la facturation tient compte de l'éventuelle revoyure du professionnel déléguant le jour de la consultation et le lendemain, qui font suite à la consultation avec le professionnel délégué".
La rémunération est "librement partagée dans l'équipe des professionnels de santé impliqués dans le protocole". Elle est "versée à la structure", maison de santé pluridisciplinaire ou centre de santé, "en limitant le paiement aux structures adhérents à l'accord conventionnel interprofessionnel (ACI)".
Pour l'entorse de cheville, 2 consultations sont prévues, payées à 25 € chacune. Pour la lombalgie aiguë, 2 consultations sont prévues aussi, la première à 25 € et la seconde à 20 € (elle ne comprend pas la revoyure du déléguant). La seconde a lieu entre la 2e et la 4e semaine et vise à réévaluer la situation du patient, hors situations d'urgence.
La FFMKR très déçue
"Au-delà de la lourdeur administrative qui présage déjà des difficultés pour sa mise en œuvre, la faible rémunération proposée, à partager de façon floue entre les différents acteurs, n'est pas à la hauteur de l'ambition initiale par rapport au travail demandé et aux économies que permettront de tels protocoles", regrette la FFMKR, qui déplore aussi "la restriction imposée concernant le public ciblé", forcément pris en charge dans une maison ou un centre de santé. "Ces restrictions et ces complications prouvent une fois de plus la totale méconnaissance de nos tutelles sur le fonctionnement de nos cabinets libéraux, et l'absence totale de confiance dans la profession de masseur-kinésithérapeute."
La Fédération estime donc que ces textes "ne favorisent pas" réellement les coopérations, "et risquent de limiter fortement l'implication des professionnels de santé, en particulier des kinésithérapeutes libéraux" dans ces protocoles. Elle demande donc aux tutelles de "proposer rapidement des ajustements" au dispositif.
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