Grands Prix des Transmetteurs 2020 : Kinés du Monde à l'honneur
Jean-Pierre Gruest
- 8 octobre 2020
L'association Kinés du Monde a remporté le prix dans la catégorie "Accompagnement des personnes en situation d'exclusion" à l'occasion de la 2e édition des Grands Prix des Transmetteurs. Avec à la clé 2 000 € pour l'aider à développer les réseaux de kinésithérapeutes solidaires au bénéfice des personnes vulnérables.
Pour beaucoup d'associations, l'argent est le nerf de la guerre pour mener à bien leurs projets et les pérenniser. C'est le cas de l'association Kinés du Monde (KDM) qui a postulé aux Grands Prix des Transmetteurs en vue de faire connaître et développer les réseaux de kinésithérapeutes solidaires instaurés dans le cadre d'un partenariat avec les Permanences d'accès aux soins (Pass) de Grenoble, Lyon et Chambéry. Créés à l'initiative de l’association Les Transmetteurs, du Groupe Pasteur Mutualité et de Global Média Santé, ces 5 prix, d'une valeur de 2 000 € chacun, ont pour vocation de soutenir et valoriser des initiatives remarquables dans la transmission d’un savoir, d’un savoir-faire ou d’un savoir être, dans le domaine du médical et du médico-social.
C'est Clément Rimaud, kinésithérapeute libérale à Chambéry et adhérent à KDM, qui a été dépêché le 1er octobre au siège du Groupe Pasteur Mutualité, à Paris, pour recevoir le chèque de 2 000 € des mains du Dr Xavier Emmanuelli, président du jury et co-fondateur de l'association Les Transmetteurs. Devant les lauréats des 4 autres prix (voir plus loin), il a rappelé que l'objectif de KDM était de "permettre la rééducation et l'insertion des enfants handicapés par les maladies endémiques sévissant principalement dans les pays en développement et de tout autre patient ayant besoin de soins de rééducation, à savoir les personnes en situation d'exclusion".
Élargir le réseau et attirer d'autres kinésithérapeutes solidaires
Dans ce cadre, l'association développe des actions de formation à l'étranger, mais aussi en France, à travers des partenariats avec les Permanences d'accès aux soins de santé (Pass). "Il y en a environ 400 en France, financées par les ARS et instaurées dans les établissements de santé par la loi d'orientation de lutte contre les exclusions", a-t-il indiqué, avant d'expliquer comment cela se passe concrètement. "Les besoins du patient (sans domicile fixe, sans papier, demandeur d'asile, jeune en errance…) sont identifiés par le médecin de la Pass qui sollicite l'un des 32 kinésithérapeutes bénévoles du réseau proche du lieu de vie du patient afin qu'il soit pris en charge pour sa pathologie dans un cadre de soin privilégié", a-t-il expliqué, précisant que la seule différence était administrative (pas de carte Vitale, pas de facturation…), l'objectif étant vraiment d'"ouvrir les portes du circuit de soins classiques".
À ce jour, seuls 3 partenariats ont été développés depuis 2017, avec 160 séances de kinésithérapie dispensées : "Notre but est de reproduire cela plus largement et de le développer avec d'autres réseaux de soins, comme le Samu social de Paris, et de professionnels paramédicaux (psychomotriciens, orthophonistes, chirurgiens-dentistes…) en vue de répondre au droit fondamental de la santé pour tous et favoriser l'accès aux soins de rééducation." Ce qui suppose des moyens pour développer la communication, acquérir du petit matériel (balles, élastiques, straps, attelles…) et financer les transports pour aller expliquer dans toute la France comment fonctionnent ces partenariats. D'où la participation à ces Grands Prix, dont les 2 000 € vont aider l'association à "augmenter la qualité des soins de rééducation actuels et le nombre de prises en charge kinésithérapiques".
Les lauréats 2020 autour du Dr Xavier Emmanuelli, président du jury et co-fondateur de l'association Les Transmetteurs |
Les lauréats des autres catégories
Dans la catégorie "Accompagnement des personnes âgées dépendantes", c'est la maison de santé pluriprofessionnelle (MSP) universitaire de Fontainebleau qui l'a emporté. Avec son jardin Asalée (pour Action de santé libérale en équipe, elle a développé une façon originale de proposer à ses patients un accompagnement pluridisciplinaire et non médicalisé dans une parcelle de 100 m2 où ils peuvent retrouver bien-être, confiance, estime de soi, vivifier leurs corps et esprit, lutter contre la sédentarité…, par exemple via le travail du bois.
L'association Care Utopia est lauréate dans la catégorie "Accompagnement des personnes en situation de handicap". Créée en 2018, cette association lyonnaise propose des soins de support, jusqu'alors réservés aux patients atteints de cancer, à des personnes adultes ayant un handicap et/ou une maladie chronique pour les aider à mieux vivre leur situation, via une approche holistique de la personne et différents ateliers (approche de la douleur par l''hypnose, socio-esthétique, écriture, théâtre…).
Le prix pour la catégorie "Soins primaires" a été attribué à l'application Koalou, qui a été développée pour permettre une meilleure expérience de soins pour les enfants en transformant le parcours médical des familles. L'objectif est de diminuer l'anxiété pré- et post-opératoire du patient via des contes interactifs ou des bandes dessinées expliquant le parcours de soin selon l'opération, de fluidifier le parcours de soin en simplifiant la gestion administrative et en rappelant les consignes opératoires aux parents, et de faciliter les interactions entre l'établissement et les professionnels de santé et la famille, jusqu'à la guérison.
Faute de dossier convaincant, aucun prix n'a été attribué pour la catégorie "Soins d'urgence" mais le jury a décerné un coup de cœur pour le projet "Ça D'Potes, le cancer c'est pas notre pote", porté par le collège Saint-Joseph de Plouescat (Finistère). Dans ce cadre, 29 élèves de 3e ont monté leur entreprise afin de découvrir le monde professionnel, en vendant des objets faits main et écologiques. Plusieurs mères d'élèves étant décédées d'un cancer du sein en 2019, ils ont décidé que le bénéfice de leurs ventes servirait à financer le programme K-Dog de l'Institut Curie, qui vise à mettre au point une méthode de dépistage de cette maladie par des chiens formés à la détecter, en reniflant des lingettes ayant été en contact avec la peau et la sueur des femmes.
© Jean-Pierre Gruest / Kiné actualité