Corinne Friche :
«Notre rôle est de soutenir les confrères dans leurs projets»
Sophie Conrard
Kiné actualité n° 1581 - 11/02/2021
En février et mars, en amont des élections aux URPS qui se dérouleront début avril [1], nous vous proposons une série d'interviews pour découvrir les candidats proposés par la FFMKR. Aujourd'hui, Corinne Friche, tête de liste pour la région Grand-Est.
Kiné actualité : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Corine Friche : Je suis kinésithérapeute libérale en banlieue proche de Nancy, en cabinet généraliste. Je me suis toujours impliquée dans la vie syndicale depuis que j’ai passé mon DE en 1985. C’est donc tout naturellement que je me suis investie en 2010 lorsque les URPS ont été mises en place. La FFMKR a gagné les élections et j’ai assuré la présidence de celle de Lorraine jusqu’en 2015. Je me présente aujourd’hui pour un nouveau mandat et j’espère qu’ensuite des confrères plus jeunes prendront la relève.
Quel rôle joue l’URPS ?
En plus de ses missions socles, une URPS se doit d’être le relais en région de la politique syndicale nationale, par exemple quand un avenant ACI est signé au niveau national, nous nous devons de suivre en région sa bonne application ou faire remonter au national des problèmes de terrain… Ou quand on participe à une réunion sur les aides-kinés (auxquels la Fédération est opposée tels que présentés) avec l’ARS.
Notre rôle est aussi d’initier des modes d’exercices innovants pour nos confrères, en les soutenant dans leurs projets, en remplissant des missions de santé publique, en participant aux nouveaux modes d’exercices coordonnés comme les CPTS ou les ESP [2], afin de promouvoir la place de la kinésithérapie.
Une association comme Kinégarde Respiratoire a été créée par les élus FFMKR de l’URPS. Nous aidons aussi à mettre en place des formations (par exemple en ETP) afin de valoriser la place du kinésithérapeute dans le parcours de soins.
Pendant la crise sanitaire, nous avons contribué au dispositif “Distrimasque”, déployé avec les URPS médecins et pharmaciens de mai à octobre 2020. En plus des dotations de l’État, des masques et du gel hydroalcoolique ont été approvisionné dans les pharmacies, où les kinésithérapeutes qui en avaient besoin pouvaient venir en chercher gratuitement.
Quelles sont les problématiques spécifiques à votre région, et les propositions de la FFMKR pour y répondre ?
Notre principal problème réside dans les zones frontalières, où se développent des déserts médicaux parce que de nombreux confrères vont travailler au Luxembourg, où ils gagnent mieux leur vie. Il y a aussi des kinésithérapeutes belges qui travaillent à temps partiel dans un cabinet en France, ce qui ne suffit pas pour répondre à la demande de soins.
Dans certaines zones sur-dotées, un nombre croissant de kinésithérapeutes font du bien-être ou de l’ostéopathie, au détriment de la kinésithérapie classique, ce qui ne répond pas aux besoins de tous les patients et empêche l’installation d’un autre confrère dans la zone.
En Alsace, juste avant que le zonage entre en vigueur, on a vu s’ouvrir des “cabinets fantômes”… Dans Strasbourg par exemple, qui est sur-dotée, il y a des quartiers complets où il n’y a pas d’accès aux soins en kinésithérapie car les kinésithérapeutes qui y sont installés font du hors nomenclature et n’ont plus assez de temps pour des soins en kinésithérapie généraliste ! Le phénomène commence à se répandre dans le Haut-Rhin, d’où l’importance de revoir très vite les critères du zonage ! Par ailleurs, l’accès aux soins à domicile devient de plus en plus tendu.
[1] Retrouvez toutes les infos sur le calendrier des élections, le programme de la FFMKR et les candidats sur www.urps2021. ffmkr.org
[2] Communautés professionnelles territoriales de santé. Équipes de soins primaires.
© D.R.