L'AMKO trouve un nouvel élan
Sophie Conrard
- 5 mai 2021
Depuis un an, l'Association des masseurs-kinésithérapeutes ostéopathes (AMKO), portée par la FFMKR, est lancée sur une nouvelle dynamique. Un élan porteur puisqu'elle a réussi à tripler son nombre d'adhérents.
« L'AMKO a été créée en 2012 au sein de la Fédération. À l'époque, de nombreux confrères s'inquiétaient de l'offre pléthorique d'écoles d'ostéopathie et de l'inflation du nombre d'ostéopathes diplômés chaque année », rappelle Philippe Gaston, secrétaire général de l'association. Celle-ci s'est donc fixé « plusieurs objectifs : rappeler que l’exercice de l’ostéopathie fait partie intégrante du patrimoine de la profession, préserver le caractère et l’image de professionnel de santé du masseur-kinésithérapeute titulaire du titre d’ostéopathe, aider et défendre les confrères exerçant l’ostéopathie, mais aussi éviter tout morcellement de la profession autour d'un exercice spécifique qui ne ferait que l’affaiblir ».
L'AMKO est ouverte à tous les masseurs-kinésithérapeutes ostéopathes, mais le tarif de l'adhésion est particulièrement intéressant pour ceux qui sont déjà adhérents de la FFMKR. Le nombre d'adhérents a triplé cette année, passant de 75 à 225. « Nous avons communiqué par mail et les gens se sont montrés réceptifs. Cela nous a permis de nombreuses prises de contact. »
Outre une communication renforcée, l'association a créé une adresse mail (contact@amko.fr) « à laquelle les confrères qui ont besoin d'aide peuvent nous contacter. Nous sommes par exemple souvent sollicités par des confrères qui ont des difficultés à faire valider leur titre d'ostéopathe », cite pour exemple le secrétaire général de l'association. Une nouvelle page Facebook a été créée : AMKOstéo. Par ailleurs, une refonte complète du site Internet de l'AMKO est prévue, en lien avec celui de la FFMKR. « Il est temps que nous ayons un site digne de ce nom », se réjouit Philippe Gaston.
Des projets pour 2021
En septembre dernier, l'assemblée générale de l'AMKO a validé un projet destiné à impulser une nouvelle dynamique. L'association s'inquiète notamment de « la prolifération des ostéopathes exclusifs : il y a aujourd'hui 1 ostéopathe pour 1720 habitants en France. Le nombre d'habitants par ostéopathe a été divisé par 2 depuis 2016 ! Et à l'époque, nous avions déjà la densité d'ostéopathes la plus élevée au monde ! À ce rythme, il y aura bientôt un ostéopathe par habitant... », souligne Philippe Gaston. Inutile de dire que beaucoup n'arrivent pas à vivre de leur art. Comme les autres organisations représentatives de la profession, l'AMKO siège dans la commission qui attribue et renouvèle les agréments des écoles « mais nous n'avons qu'un poids limité sur le nombre de jeunes diplômés qui en sortent chaque année », regrette Philippe Gaston.
Chiffres clés Il y a en 2021 plus de 38 800 ostéopathes inscrits au fichier Adeli. Il y en avait 31 000 en 2019. Parmi eux, on compte 62 % d'ostéopathes exclusifs de santé, pour reprendre la dénomination de la DGOS (donc des ostéopathes non professionnels de santé), 31 % de MKO (soit environ 12 000), 5 % de médecins-ostéopathes et 2 % d'autres professionnels de santé ostéopathes. |
Autre problème : la plupart du temps, dans l'esprit des patients, la distinction entre ostéopathes exclusifs et MKO n'est pas claire. C'est pourquoi l'AMKO est en train d'élaborer une fiche qui expliquera clairement la différence, et qui pourra être diffusée dans les salles d'attente.
Par ailleurs, les MKO étant soumis à une obligation de DPC puisqu'ils sont avant tout professionnels de santé, l'association aimerait développer une offre de formation à leur attention, par exemple sur la lombalgie et l'accès direct. Ce sera fait en partenariat avec l'INK.
Stop aux abus
Une étude a été récemment menée par l'AP-HP pour évaluer l'utilité des manipulations ostéopathiques chez les patients souffrant de lombalgie commune subaiguë et chroniqu . Elle a montré que « les manipulations ostéopathiques ont un effet faible et non cliniquement pertinent, sur le retentissement de la lombalgie sur les activités de la vie quotidienne à 3 et 12 mois, en comparaison aux manipulations placebo. Les manipulations ostéopathiques n’ont pas d’effet sur la douleur, la qualité de vie ou la consommation de médicaments. L’étude LC-OSTEO soulève donc la question de l'utilité des manipulations ostéopathiques délivrées par des ostéopathes non professionnels de santé chez ces patients », peut-on lire dans la synthèse.
« Cette publication ne fait que conforter les recommandations de la HAS concernant la lombalgie, qui privilégient en première intention l'intervention d'un kinésithérapeute. C’est une nouvelle démonstration de notre rôle incontournable de MKO : nos compétences acquises complémentaires de masseurs-kinésithérapeutes et d’ostéopathes nous mettent en capacité de répondre à cette problématique (les rachialgies représentent la grande majorité des consultations ostéopathiques en accès direct), et donc d’accueillir, orienter, accompagner ces patients. Nous évitons ainsi de retarder potentiellement la prise en compte médicale (au sens large) de cette souffrance (potentiellement bio-psycho-sociale), qui favoriserait une évolution vers la chronicité, induisant en conséquence un coût pour la société », analyse Philippe Gaston. « Elle a aussi mis en lumière certains abus courants comme la multiplication des actes (certains enchaînent 6 séances d'ostéopathie en 15 jours alors qu'on sait que cela ne sert à rien) ou encore la diversification de leur activité (cryothérapie, massage...), qui relève tout simplement de l'exercice illégal de la kinésithérapie. »
Une bataille gagnée contre le ROF En 2020, l'AMKO a remporté une bataille contre le ROF (Registre des ostéopathes de France), qui a permis d'asseoir juridiquement le statut des MKO, de mettre en avant leur plus-value à exercer en tant qu’ostéopathe professionnel de santé, et le risque avéré, notamment assurantiel, pouvant impacter en cascade le médecin chef, le directeur, la structure, en cas d'intervention d'ostéopathes non professionnels de santé au sein d'un établissement de santé (hôpital, maternité...). |