Hier soir avait lieu la 22^e édition du Grand prix éditorial du Speps, syndicat de la presse et de l'édition des professions de santé, à Paris. Nos collègues de Kinésithérapie Scientifique ont été récompensés par le Prix du meilleur article de formation pour les professionnels de la rééducation.

Daniel Rodriguez, président du Speps, était heureux d'accueillir les participants à cette cérémonie après une 21^e édition en visioconférence, Covid oblige. Toutes catégories confondues, plusieurs articles portaient d'ailleurs sur le coronavirus. "La crise sanitaire a bouleversé nos repères mais elle a également mis en lumière nos facultés de résilience et la qualité de nos publications, par rapport à ce qu'on voit parfois passer sur les réseaux sociaux", a-t-il souligné dans son discours d'ouverture.

Cette année, 128 articles ont été soumis aux membres du jury, qui ont passé une partie de l'été à les lire et les évaluer. Kinésithérapie Scientifique s'est distingué avec un article paru en novembre 2020, sur "l'influence de la cryothérapie compressive comparée à la cryothérapie classique sur la récupération articulaire, trophique et fonctionnelle après une arthroplastie totale de genou", par Ilana Baranes, Helena Brunel et Aude Quesnot. "Associer la cryothérapie et la compression permet de diminuer de façon significative les effets secondaires de la chirurgie, en particulier la douleur et l'œdème, qui est parfois très important et ne permet pas au patient de récupérer toute l'amplitude articulaire, le limitant ainsi dans ses activités quotidiennes (marcher, monter ou descendre un escalier…)", a expliqué son auteur principale, Ilana Baranes. "Très efficace, cette technique permet de gagner du temps dans la rééducation, mais reste malheureusement trop peu répandue."

Le prix de la "Meilleure innovation éditoriale" est allé à la revue Immunité & Cancer, pour son application "Immuno K'app". Sa vocation est de permettre à tous ceux que cela intéresse de suivre l'actualité en matière d'immunothérapie, un secteur en pleine révolution depuis une dizaine d'années. L'idée est à la fois d'informer les gens, de susciter le débat, de faciliter la vie des professionnels en décryptant pour eux l'actualité en matière d'immuno-oncologie. 1500 personnes l'ont déjà téléchargée.

La presse au temps du Covid

Le jury a par ailleurs récompensé un éditorial paru dans Médecine/Sciences en octobre 2020, sur "l'urgence de réformes institutionnelles profondes en santé mondiale à l'heure de la pandémie de Covid-19". "Elle a en effet provoqué une remise en question de la capacité de l'OMS à gérer une telle crise, et mis en évidence la nécessité d'une réflexion menée avec tous les acteurs de la santé mondiale", a expliqué son auteur, qui s'est notamment demandé "quelle part de leur souveraineté les états seraient prêts à céder à l'OMS pour qu'elle puisse prendre des décisions au niveau mondial". Ce qui est sûr c'est qu'aujourd'hui, "la santé des Français ne peut plus être envisagée uniquement d'un point de vue national".

Le Généraliste a reçu le "Prix du meilleur article sur la vie professionnelle, la santé publique ou l'économie de la santé" pour un dossier passionnant sur le danger de l'âgisme, qui n'est malheureusement pas sans conséquence sur la façon dont les médecins prennent en charge les seniors. "Cette problématique n'est pas nouvelle mais elle a explosé avec le Covid : regardez la façon dont on a traité les personnes âgées ! Du jour au lendemain, on n'a plus considéré que leurs problèmes physiques ou biologiques, en oubliant tout le reste", comme s'ils n'étaient plus des êtres humains, a expliqué son auteur, Claudine Proust.

Le jury a décerné son "Prix spécial" à la revue Médecine et maladies infectieuses pour récompenser un article sur le "naufrage" des essais cliniques provoqué par le Covid. La crise sanitaire a mis à mal la rigueur scientifique, qui est difficilement conciliable avec l'urgence. Tirons des leçons de cet épisode pour éviter une nouvelle faillite (partielle) du système sous la pression des politiques, des médias ou encore du "publish or perish", ont insisté les membres du jury.

Enfin, le "Grand prix du jury" a été attribué à Médecine/Sciences pour une enquête visant à "retrouver les origines du SARS-CoV-2 dans les phylogénies de coronavirus", publiée en septembre 2020. Faut-il incriminer les chauves-souris ? Y a-t-il eu un accident de laboratoire ? On ne le sait toujours pas. "Malheureusement, certains ne font pas les efforts de recherche nécessaires pour en savoir plus, notamment pour reconstituer les chaînes de transmission et identifier les hôtes intermédiaires du virus", regrettent ses auteurs, qui en appellent à l'OMS pour qu'elle fasse réellement la lumière sur les origines de la pandémie. "Les enjeux sont énormes ! C'est indispensable si on veut éviter une pandémie similaire dans 5 ou 10 ans."