Réparer les femmes
Sophie Conrard
Kiné actualité n° 1602 - 27/01/2022
De passage en France mi-janvier, Denis Mukwege, “le docteur qui répare les femmes” en République démocratique du Congo, Prix Nobel de la paix en 2018, était invité à s’exprimer devant la Délégation aux droits des femmes à l’Assemblée nationale. Il a lancé un appel contre l’utilisation du viol comme arme de guerre, et invité le monde à ne plus fermer les yeux sur ce sujet. Il attend de la France, pays des droits de l’Homme, qu’elle le soutienne dans son combat. Ce gynécologue spécialisé dans la reconstruction (chirurgicale, mais pas seulement) des femmes victimes de violences sexuelles, plaide pour donner à celles-ci leur autonomie afin qu’elles retrouvent une place dans la société et ne restent pas seulement “les femmes violées”.
En France aussi, il y a des soignants qui réparent les femmes. Nous vous proposons de découvrir, dans ce numéro, le travail de 2 kinésithérapeutes au sein de la Maison des femmes de Saint-Denis (93), créée par le Dr Ghada Hatem en 2016. Si une chirurgie reconstructrice n’est pas associée à un réapprentissage du rapport au corps et du toucher, elle n’a aucune chance de réussir. C’est un travail long, lent, très progressif, qui nécessite patience et empathie (lire notre reportage p. 12-13).
Sans transition, je vous invite à vous pencher sur le projet de “Grande Sécu” dont on parle beaucoup en ce moment (c’est souvent le cas avant une élection présidentielle – lire p. 8-10) et à faire le point sur des programmes de sport santé qui sont (enfin !) financés par la Sécurité sociale (lire p. 14 à 16). Le calcul est vite fait : quelques mois d’activité physique encadrée par un professionnel coûtent moins cher qu’une journée d’hospitalisation. Les économies potentielles sont considérables.