En finir avec le tabou du suicide
Sophie Conrard
Kiné actualité n° 1615 - 15/09/2022
3 professionnels de santé se suicident tous les 2 jours. Quand j’ai découvert ce chiffre, j’ai été estomaquée. Pourquoi eux plus que d’autres corporations ? Pourquoi ceux qui nous soignent, nous protègent (policiers et gendarmes), nous nourrissent (les agriculteurs), nous éduquent (les enseignants) vont-ils si mal ? Et surtout, que faire pour les aider ? Depuis sa création en 2015, l’association SPS (Soins aux professionnels de la santé - lire notre dossier p. 12 à 15) en a fait sa vocation. Pour elle, l’une des clés est de mettre fin à l’omerta qui règne autour du suicide dans le monde de la santé (bizarrement, c’est toujours “pour des raisons personnelles” qu’un soignant se donne la mort, même s’il choisit de le faire sur son lieu de travail…), c’est pourquoi elle diffuse en ce moment un clip vidéo “choc”, afin de susciter des réactions.
Je crois que c’est réussi.
Ce n’est que le début : si ce film met l’accent sur les hospitaliers, qui sont particulièrement nombreux à demander de l’aide auprès de l’association, le monde libéral n’est pas épargné, sans parler du secteur médico-social. SPS a prévu d’autres campagnes de sensibilisation.
L’une des pistes intéressantes que je retiendrai, également suivie par le gouvernement dans sa stratégie globale de prévention du suicide en France, c’est l’idée de déployer tout un réseau de “sentinelles républicaines” vigilantes, dont la mission est de repérer les personnes à risque et les orienter vers des professionnels capables de les prendre en charge, en fonction du degré d’urgence de chaque situation. Vous et moi pouvons devenir l’une de ces sentinelles. “C’est toute la société qui doit se réveiller et prendre ses responsabilités”, confirme Éric Henry, président de SPS.