Quel sens donne-t-on aux mots ?
Sophie Conrard
Kiné actualité n° 1620 - 24/11/2022
Les mots ont un sens. Avec mon métier, je suis bien placée pour le savoir. C’est tout aussi important dans le domaine de la santé, où une erreur de compréhension peut avoir des conséquences dramatiques. Prenons par exemple Doctolib : en raison du nom de cette plateforme, certains usagers croient qu’elle ne recense que des “docteurs” en qui ils peuvent avoir une confiance aveugle. Sauf que certains sont tombés sur des charlatans, ce qui a conduit l’entreprise à prendre des mesures radicales pour faire le ménage parmi ses clients.
Autre cas de figure : les urgences pédiatriques sont prises d’assaut alors que les réseaux bronchiolite mis en place par les kinésithérapeutes tournent en moyenne à 50 % de leur capacité. Beaucoup de médecins ne prescrivent plus de séances de kinésithérapie à ces enfants. Pourquoi ? En raison d’une mauvaise lecture de la recommandation HAS de 2019.
Il faudrait que certains cessent de tordre les mots en leur faveur, de “se prendre pour un autre” et soient plus clairs sur les actes qui relèvent de leurs compétences. Il faudrait surtout que les usagers soient mieux éduqués et mieux informés sur le fonctionnement du monde de la santé. Qui fait quoi ? Qu’est-ce qui relève du soin et qu’est-ce qui relève du confort ou du bien-être ? Comment réagir dans telle ou telle situation ? Quels symptômes doivent inquiéter ?
Quel professionnel solliciter ou quel numéro de téléphone appeler ? etc. Cela rendrait les gens plus autonomes, acteurs de leur santé. Et chacun pourrait choisir de faire appel à un praticien en connaissance de cause, donc en toute sécurité.