Crise d'autorité ?
Sophie Conrard
Kiné actualité n° 1621 - 08/12/2022
Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2023 peut être considéré comme adopté, après le rejet d’une énième motion de censure déposée par le groupe Nupes à l’Assemblée, et un énième recours au “49-3” par Élisabeth Borne, la première ministre. Drôle de conception du débat. Je ne dis pas que j’aurais préféré d’interminables discussions et des avalanches de propositions d’amendements, comme cela se produit parfois. Mais je préférerais voir le Parlement travailler sereinement.
De l’hôpital public à la médecine de ville, les mouvements de protestation se multiplient.
Les médecins organisent des “vendredis de la colère” pour sensibiliser les patients à leur cause (ils demandent notamment le doublement du tarif de la consultation, de 25 à 50 €), alors qu’ils entament un cycle de négociations avec l’assurance maladie (la convention médicale arrive en effet à expiration). D’autres appellent carrément à la grève et annonçaient la fermeture de leurs cabinets les 1er et 2 décembre derniers. Même grogne chez les biologistes : pour la 2e fois en 15 jours, la plupart des laboratoires ont gardé portes closes, pour protester contre le coup de rabot prévu sur les tarifs de certains actes.
Le ministre de la Santé, François Braun, semble incapable de rassurer les professionnels. Ce climat tendu se ressent aussi dans les rapports entre l’assurance maladie et les professionnels libéraux. Chez les kinésithérapeutes, les syndicats se préparaient à la séance du 30 novembre (sans doute l’une des dernières de ce cycle de négociations) avec le sentiment de prêcher dans le désert (lire p.8). Ils sont excédés et je les comprends.