Sport, il faut changer de braquet
Sophie Conrard
Kiné actualité n° 1626 - 23/02/2023
À 527 jours de l’ouverture des Jeux olympiques et paralympiques de Paris, on commence à parler sport en France. Mais on en parle plus qu’on n’agit, hélas. Dans le but d’encourager les Français à pratiquer une activité physique régulière, les ministères des Sports et de la Santé ont lancé une énième mission (lire p. 14-15). En attendant qu’elle rende ses conclusions et qu’on les applique (ou pas…), la France se classe au 119e rang sur 146 pays en ce qui concerne le niveau d’activité physique de ses habitants. Si ce mauvais classement est abstrait, cela se traduit par des décès et de nombreuses maladies tout-à-fait évitables, des arrêts de travail, des frais médicaux, etc. Chez les enfants, par exemple, le diabète grimpe en flèche.
Les médecins traitants, qui ont un rôle si central dans notre système de soins, pourraient s’impliquer plus dans la promotion du sport santé, de l’activité physique comme un “médicament gratuit” accessible à tout le monde. Ils pourraient inciter leurs patients à s’y (re)mettre en abordant le sujet aussi systématiquement qu’ils nous demandent si on fume. En nous sensibilisant aux risques qu’entraînent la sédentarité et l’inactivité physique. En prescrivant à leurs patients chroniques une activité physique adaptée (APA), comme ils en ont le droit depuis 2017 (très peu le font).
Les kinésithérapeutes, qui passent du temps auprès de leurs patients, au cours de séances récurrentes, peuvent aussi jouer un rôle de conseil, de sensibilisation et d’orientation. Ils pourraient même faire plus ! Hélas : le 14 février, les sénateurs ont voté la proposition de loi de Stéphanie Rist après l’avoir amputée d’un article qui visait à permettre aux kinésithérapeutes de prescrire une APA à leurs patients chroniques.