Rendez-vous mi-juin pour le 60e anniversaire de la FFMKR
Sophie Conrard
Kiné actualité n° 1628 - 23/03/2023
À l'occasion de ses 60 ans, la FFMKR organise le 16 juin une journée politique, à Paris. Elle sera suivie de son traditionnel congrès, avec l'élection d'un nouveau conseil fédéral, en application de la réforme de ses statuts votée il y a 1 an. Voici un aperçu du programme.
“Cette journée sera structurée autour de 3 tables rondes. La première dressera un état des lieux du système conventionnel, avec une rétrospective par d’anciens présidents de la Cnam et de la Fédération.
La deuxième sur les moyens (effectifs, économiques) accordés à la kinésithérapie libérale. La troisième sera prospective : et maintenant, quel rôle voulons-nous pour le kinésithérapeute libéral dans notre système de soins ?”, annonce Sébastien Guérard, président de la FFMKR.
Du beau monde est annoncé à ces tables rondes. Plusieurs intervenants ont d’ores et déjà confirmé leur présence. En interpro, le pharmacien Philippe Besset, président de la FSPF, Daniel Guillerm, infirmier et président de la FNI, François Blanchecotte, biologiste et président du SDB, et le Dr Franck Devulder, président de la CSMF. D’anciens présidents seront là également : Michel Chassang, ancien président de la CSMF et de l’Unapl, actuellement vice-président du bureau du Conseil économique, social et environnemental (Cese) où il préside le groupe des professions libérales ; Alain Bergeau et François Maignien, anciens présidents de la FFMKR ;
Philippe Gaertner, ancien président de la FSPF. Du côté des institutionnels, l’ancien directeur général de la Cnamts (2004-2014) Frédéric Van Roekeghem a répondu favorablement à l’invitation de la FFMKR, ainsi que Jean-Marc Aubert qui, après avoir dirigé la Drees (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques), est actuellement président d’Iqvia France, filiale de la multinationale américaine du même nom, spécialisée dans l’exploitation des données de santé ; Thomas Fatôme, actuel directeur général de la Cnam ; Éric Chenu, président de la Mutualité française ; ou encore Nathalie Fourcade, secrétaire générale du HCAAM (Haut conseil pour l’avenir de l’assurance maladie). Gérard Raymond, président de France Assos Santé, a confirmé sa présence également.
La FFMKR espère la présence d’un ministre pour ouvrir ou clôturer cette journée de débats. France Assos Santé a été conviée également, ainsi qu’un certain nombre de députés.
Le système conventionnel à bout de souffle
“Les négociations conventionnelles se sont terminées en queue de poisson. La profession ne peut pas attendre 5 ans de plus sans rien. Il faut qu’un nouveau cycle de négociations soit ouvert. Au terme de la journée de débats que nous organiserons en juin, j’espère que nous serons fixés sur plusieurs points. Les partenaires conventionnels partagent-ils le constat que le système est à bout de souffle ? Les tutelles et le gouvernement sont-ils d’accord sur les solutions que nous proposons pour relancer la machine ? Le modèle libéral reste-t-il pertinent et efficace pour répondre à la demande de soins ? J’en suis convaincu, mais je ne sais pas si c’est le cas de tout le monde. Si un nombre croissant de professionnels de santé se tournent aujourd’hui vers l’exercice salarié, c’est que ce statut leur semble plus intéressant. Avant, les revenus compensaient, pour les libéraux, l’absence de congés payés, la couverture sociale limitée et les tracasseries administratives. Aujourd’hui, j’ai l’impression que ce n’est plus le cas”, analyse Sébastien Guérard, qui appelle de ses vœux “une réforme du système de santé aussi puissante que celle de 2004, afin de donner à tout le monde un nouvel élan”.
Jusqu’à 2004, il y avait à la tête de la Cnam un président élu parmi les membres du conseil d’administration, qui était constitué de représentants des caisses d’assurance maladie et des syndicats de professionnels, qui avaient leur mot à dire. La loi relative à la politique de santé publique promulguée le 9 août 2004 donne une base réglementaire à l’Uncam, dont le directeur général est nommé par le Premier ministre, à l’Unocam, qui n’a pas de réelle capacité à négocier ou agir, et à l’UNPS, qui regroupe toutes les organisations représentatives des professions libérales de santé : “On est 25 autour de la table et toutes les décisions doivent être prises à l’unanimité, ce qui n’est pas simple. Les discussions sont parfois plombées par des rapports de force entre plusieurs professions ou au sein d’une même profession”, relève Sébastien Guérard, convaincu que “la loi de santé de 2004 a affaibli la capacité à agir des organisations syndicales. Puis la loi HPST, qui a créé les URPS, a accentué la balkanisation des professions et affaibli le système conventionnel. On se retrouve avec des syndicats déclarés représentatifs parce qu’ils ont une certaine représentation régionale, mais pas l’envergure ou les compétences nécessaires en interne pour faire le nécessaire”.
Un autre signe du déclin du système conventionnel est le fait que “les députés se préoccupent et s’immiscent de plus en plus dans la vie conventionnelle, compte tenu des échecs observés. Est-il souhaitable de continuer ainsi ? Je pense qu’on peut rénover notre système conventionnel. Il y a urgence. L’assurance maladie elle-même en est consciente : la plupart des récentes négociations avec les professions de santé ont échoué”, insiste le président de la FFMKR.
La réforme qu’il espère tant a été esquissée par l’intersyndicale des Libéraux de santé (LDS), dont il est également le président, lors d’une journée de débats avec les candidats à la présidentielle, le 30 mars 2022 (lire Ka n°1608 du 21 avril 2022). “Nous demandons notamment un rééquilibrage du rapport de force entre les partenaires conventionnels, qui nous permette de copiloter l’ondam. Nous voulons un fléchage de l’ondam de ville vers des enveloppes par profession, afin de pouvoir démarrer une négociation sur des bases tangibles. Sans cela, toute négociation est biaisée. Nous souhaitons sortir d’un système où le moindre collectif fabriqué sur les réseaux sociaux est invité à la table des négociations. Pour moi, les représentants aux URPS devraient être nommés et non élus, afin de pouvoir déployer sans heurts des politiques décidées au niveau national”, cite pour exemple Sébastien Guérard.
Document attestant de la création de la FFMKR le 1er décembre 1963. |
Un livre, un sondage et des festivités
En amont de cette journée, la FFMKR effectuera un sondage (en partenariat avec l’institut Harris) pour mesurer la perception que les Français ont des kinésithérapeutes et savoir ce qu’ils pensent de l’accès direct. Sont-ils déjà allés chez un kinésithérapeute sans avoir vu un médecin au préalable ? Sont-ils prêts à le faire de façon plus systématique si la loi Rist le permet ? Ou ont-ils au contraire des réticences ?
Les résultats de ce sondage seront présentés le 16 juin.
La Fédération va également rédiger un livre sur son histoire, qui se conjugue à celle de la profession. Intitulé Une histoire, des réussites, un avenir, il sera distribué à ses adhérents. “Il racontera bien sûr l’histoire de la Fédération depuis 60 ans, mais aussi l’évolution du métier, la transformation de nos pratiques au service des patients, en mettant en exergue nos victoires et nos avancées en termes de vie conventionnelle. Il mettra aussi en exergue l’importance de notre formation, condition sine qua non de notre émancipation. On y trouvera par ailleurs des témoignages de confrères, de responsables politiques et de partenaires institutionnels”, explique Sébastien Guérard.
Le vendredi soir est prévu un dîner festif, pour saluer le 60e anniversaire de la Fédération. Y seront conviés les élus départementaux et nationaux, les adhérents et quelques invités (institutionnels, politiques, etc.).
Au congrès, renouvellement total du conseil fédéral
Lors de son congrès, les 17 et 18 juin, la FFMKR élira un nouveau conseil fédéral composé de 22 conseillers fédéraux, dont 2 de moins de 30 ans (au moins) et 2 représentants les régions. Conformément à l’article 14.2.1 des nouveaux statuts (lire l’encadré ci-dessous), les 9 candidats les mieux élus feront un mandat de 6 ans, les autres un mandat de 3 ans. Les conseillers de région seront élus pour 3 ans. La FFMKR espère aussi féminiser son conseil fédéral et incite à la parité.
Dates clés pour la FFMKR et pour la profession1er décembre 1963 : création de la FFMKR |
Les dossiers de candidatures doivent être envoyés au secrétariat au plus tard le 16 avril (plus d’infos : p.calme@ffmkr.org).
En adoptant une réforme de ses statuts lors de son congrès annuel en juin 2022, la Fédération “a souhaité se doter d’un outil plus agile et plus réactif, avec notamment un conseil fédéral moins nombreux (20 membres au lieu de 30), qui seront mieux formés, plus disponibles, mieux indemnisés aussi. Plus ‘professionnels’ en somme”, rappelle Sébastien Guérard, expliquant la philosophie de cette réforme. “Nous avions aussi la volonté de rajeunir les cadres, en réservant 2 postes aux jeunes diplômés de moins de 30 ans, qui représentent 20 % de la profession.” Pour se présenter aux élections, en juin prochain, il suffira d’être adhérent à la FFMKR depuis au moins 6 mois (la date limite pour adhérer était le 17 novembre 2022). Cela ouvre la porte, par exemple, aux étudiants qui sont actuellement en dernière année. Aucun profil particulier n’est exigé : l’important est d’être motivé !
Les conseillers fédéraux nouvellement élus devront ensuite élire les 4 membres du bureau national : président, vice-président, trésorier et secrétaire général.
Comme chaque année, ce congrès sera l’occasion de définir la politique fédérale pour les mois à venir. “Nous appelons notamment à la reprise des travaux conventionnels, laissés en suspens depuis le blocage de l’avenant 7. Les difficultés rencontrées par les kinésithérapeutes, dans le contexte d’une inflation bien présente, n’ont pas disparu. Des solutions concrètes doivent être trouvées, et vite”, insiste Sébastien Guérard. “Profondément attachée à la convention, la FFMKR appelle par ailleurs à l’organisation d’états généraux de la vie conventionnelle, à vocation interprofessionnelle. Ils devront déboucher sur des propositions concrètes afin de moderniser les relations conventionnelles. Nous voulons soutenir l’évolution de l’exercice libéral dans un cadre financier plus juste, avec un dialogue paritaire équilibré entre les syndicats représentatifs et l’assurance maladie. L’ensemble des acteurs doivent être mobilisés afin d’améliorer le service rendu aux usagers. Le pacte conventionnel, garant d’un égal accès aux soins pour tous les patients, doit être renforcé.”
En pratiqueDu 16 au 18 juin à Paris - Journée du 60e anniversaire le vendredi Rens. et inscription : |