Insuffisance cardiaque : l'assurance maladie renouvelle sa campagne de sensibilisation
Sophie Conrard
- 29 septembre 2023
À l'occasion de la journée mondiale du cœur, qui a lieu aujourd'hui 29 septembre, l'assurance maladie reconduit sa campagne nationale de sensibilisation afin de renforcer la connaissance des signes et symptômes qui doivent alerter.
L'insuffisance cardiaque concerne 1,5 million de personnes en France. "Un nombre qui devrait progresser de 25 % tous les 4 ans", prévient l'assurance maladie [1]. Elle touche surtout les plus de 60 ans mais "son incidence augmente à partir de 55 ans, en raison notamment d'habitudes de vie délétères : tabagisme, sédentarité, mauvaise alimentation".
400 000 à 700 000 personnes vivent avec une insuffisance cardiaque sans le savoir.
Les signes qui doivent alerter sont les suivants : essoufflement inhabituel, prise de poids rapide, pieds et chevilles gonflés, fatigue excessive. Le problème est qu'ils sont "non spécifiques" et souvent "attribués à tort au vieillissement ou à d'autres causes, ce qui entraîne un retard de diagnostic".
La campagne se décline sous forme de spot tv et radio, d'affiches pour les cabinets et pharmacies, de messages sur les réseaux sociaux et de partenariats avec les médias. L'assurance maladie mise sur la pédagogie.
L'information du patient et la formation de son équipe de soins sont essentielles
L'assurance maladie met en lumière 2 initiatives intéressantes : la définition d'un parcours de soins pour les patients insuffisants cardiaques en Haute-Garonne, par le Dr Homehr, et la mise en place d'un programme de formation pour les professionnels de santé (infirmiers, pharmaciens, podologues, kinésithérapeutes…) aux signes d’alertes de l’insuffisance cardiaque dans le Val-de-Marne, par le Dr Lépront.
Le Dr Nicolas Homehr, président de la CPTS5 du Sud Toulousain et vice-président de la Fédération nationale des CPTS, s’est appuyé sur un outil de diagnostic territorial de l’insuffisance cardiaque conçu par la Cnam pour mieux cerner les besoins sur son territoire, avec le concours de la CPAM de Haute-Garonne : "Pour améliorer sa détection et la prise en charge de nos patients, les CPTS du département ont travaillé à la mise en place d’un parcours de soins avec la participation des parties prenantes : CHU, cardiologues et médecins libéraux, infirmiers en pratique avancée, infirmiers libéraux, pharmaciens. Sans oublier les patients pour qui nous avons élaboré un livret sur l’insuffisance cardiaque qui relaie notamment les messages de la campagne d’information de l’assurance maladie", raconte-t-il. "Plus largement, au niveau régional, en Occitanie, j’observe que l’accompagnement en santé publique proposé par l’assurance maladie produit des effets : les médecins sont engagés dans le parcours insuffisance cardiaque, notamment avec le soutien des cardiologues qui leur proposent des formations (usage des nouvelles thérapeutiques recommandées, ajustement des traitements selon l’état de santé du patient…)."
Le Dr Jean-Noël Lépront, médecin généraliste libéral dans une maison de santé pluri-professionnelle (MSP) de Champigny-sur-Marne et co-président de la CPTS de cette ville du Val-de Marne, participe à la mise en place d’un programme de formation : "Il est important que les messages d’alerte de l’insuffisance cardiaque soient également relayés auprès des professionnels de santé, et pas seulement les cardiologues. C’est pourquoi depuis la rentrée, un groupe de travail inter-CPTS du département a formé des référents sur l’insuffisance cardiaque pour qu’à leur tour ils forment les adhérents de chaque CPTS. Si tous les professionnels de santé qui composent l’équipe de soin du patient (infirmiers, pharmaciens, podologues, kinésithérapeutes…) reçoivent le même message et sont attentifs aux mêmes symptômes, ils pourront alors dépister des débuts de dégradation des patients", affirme-t-il. Cela peut sauver des vies, comme l'illustre le cas suivant : "La semaine dernière, une patiente de 85 ans que je suis depuis longtemps, qui a une BPCO 6, avec bien sûr un essoufflement lié à cette maladie, recevait la visite quotidienne d’une infirmière pour remplacer son pansement post-opératoire. Un jour elle constate que la patiente est un peu plus essoufflée, qu’elle a des œdèmes qu’elle n’avait pas l’avant-veille, qu’elle était particulièrement fatiguée et se levait avec difficulté de son fauteuil, qu’elle avait pris du poids qu’elle n’avait pas forcément mesuré. L’infirmière, que j’ai formée à la reconnaissance des signes d’alerte de l’insuffisance cardiaque, m’appelle immédiatement. Une heure après, j’auscultais la patiente dans mon cabinet ; elle présentait une décompensation de son insuffisance cardiaque non connue jusqu’à maintenant, elle avait une arythmie complète par fibrillation atriale. J’ai contacté mes collègues à l’hôpital, et dans la journée même la patiente était prise en charge et mise en sécurité."
[1] Source : Livre blanc pour une prise en charge de l’insuffisance cardiaque et des cardiomyopathies, Société Française de Cardiologie (SFC) - Groupe Insuffisance Cardiaque et Cardiomyopathies (GICC), 27 septembre 2021.