Besoin d'humanité
Sophie Conrard
Kiné actualité n° 1651 - 04/04/2024
Emmanuel Macron a présenté, le 10 mars, un projet de loi en faveur d’une “aide à mourir”, qui semble répondre aux attentes d’une partie de la population. Si on y réfléchit en pensant à soi-même, on a envie de “garder la main” sur sa propre mort. De décider où et quand. Mais ce n’est pas un sujet auquel on doit réfléchir à l’échelle individuelle. C’est un sujet de société. “La mort n’est pas un soin mais une décision de justice”, a rappelé Nathalie Salles, présidente de la Société française de gériatrie et de gérontologie (SFGG), invitée à inaugurer les Assises nationales des soins en Ehpad, le 19 mars. Faut-il rappeler que cette “décision de justice”, on ne la prend plus dans notre pays depuis 1981 ?
Au-delà de ce projet de loi qui divise, y compris au sein de la communauté des soignants, c’est la façon dont on traite parfois nos aînés qui n’est “pas digne de la République”, pour reprendre des termes utilisés par Nathalie Salles. Parce qu’on n’utilise pas correctement les ressources humaines disponibles. Parce que les moyens financiers s’égarent parfois au lieu d’être affectés là où ils le devraient. Hasard du calendrier, nous publions dans ce numéro un article de Benoît Chevalier sur “manger et vieillir, une histoire de perte de goût et de plaisir alimentaire” (pages 18 à 22). Il y parle de “soins alimentaires”, aussi importants que les soins bucco-dentaires (auxquels on n’accorde pas assez d’importance en Ehpad) et déplore l’absence, trop souvent, de projet institutionnel dans ce domaine. “Accompagner avec humanité l’acte alimentaire en institution devrait être un enjeu de santé publique”, plaide-t-il.