Kinés au bout du rouleau
Sophie Conrard
Kiné actualité n° 1384 - 04/12/2014
On parle déjà depuis quelques années du burn out des médecins, mais cela fait peu de temps qu’on s’intéresse aux autres professions de santé. Ces derniers mois, les URPS infirmiers et masseurs-kinésithérapeutes d’Île-de-France ont pris le problème à bras-le-corps (lire p. 12-13). Il fallait d’abord l’évaluer – difficile, sachant que l’épuisement professionnel reste tabou et que, bien souvent, ce sont les conjoint(e)s qui finissent par donner l’alerte. En vertu de votre statut libéral, il faudrait que vous soyez capables de vous débrouiller tout seuls en permanence, quelles que soient votre charge de travail, vos contraintes financières, votre état de forme ou vos difficultés personnelles ? Et vous ne pouvez sous aucun prétexte “abandonner” vos patients, même une demi-journée, pour souffler un peu ? Évidemment, il est plus facile de répondre à ces questions à froid.
Reste que 61 % des masseurs-kinésithérapeutes libéraux franciliens se sentent menacés par le burn out. Une proportion non négligeable. Doit-on en déduire que certains d’entre eux dramatisent, ou que le chiffre est biaisé parce que ceux qui sont proches de l’épuisement ont massivement répondu à l’enquête ? Ou faut-il au contraire s’alarmer et réfléchir d’urgence à un système de prévention et de prise en charge spécifique à ce problème et à ce type de professionnels ? Car on ne soigne pas l’épuisement d’un kiné libéral comme celui d’un agriculteur, d’un trader ou d’un chef d’entreprise. À chaque métier ses contraintes et ses difficultés.
Parmi les raisons identifiées comme étant à l’origine de leur burn out, les masseurs-kinésithérapeutes franciliens évoquent l’excès de paperasserie, la longueur de leurs journées de travail ou encore le fait que leur vie professionnelle empiète sur leur vie privée – certains problèmes seront plus faciles à régler que d’autres. En attendant une réaction des pouvoirs publics, les URPS infirmiers et masseurskinésithérapeutes d’Île-de-France vont oeuvrer pour développer et faire connaître les dispositifs d’aide et de soins qui existent déjà.