Concurrence déloyale ?
Sophie Conrard
Kiné actualité n° 1403 - 30/04/2015
Nous déplorions la semaine dernière le fait que le gouvernement déroule le tapis rouge pour les Staps et les Apa, dans un article sur l'ouverture de la prescription de séances de sport pour les patients souffrant d'une ALD - séances qui seront dispensées dans des "organismes labellisés" qui ne feront certainement pas appel à des masseurs-kinésithérapeutes (Ka n°1402 p. 14). Nous ne soupçonnions pas à quel point le lobby des facs de sport était puissant.
Cette semaine, nous avons appris (lire p. 16) que le ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Sports essayait de faire pression sur les cabinets équipés d'un bassin de balnéothérapie pour qu'ils cessent toute activité non conventionnée (cours d'aquagym, aquabiking…). Apparemment, vous faites de l'ombre aux titulaires d'un BP JEPS (Brevet professionnel de la jeunesse, de l'éducation populaire et du sport), spécialité "activités aquatiques et natation", qui semblent avoir du mal à trouver du travail à l'issue de leur formation. Vu le prix qu'ils y ont mis (environ 6 000 €), ils ne sont pas contents. Mais le ministère s'est-il demandé quelle serait votre réaction si on vous empêchait de rentabiliser l'investissement nécessaire pour équiper votre cabinet d'un bassin de balnéothérapie en l'exploitant, quelques heures par semaine, pour proposer des soins hors Sécu ?
Et demain, que cherchera-t-on à vous interdire pour faire de la place aux Staps et aux Apa? Les cours d'activité physique adaptée pour les patients parkinsoniens ou les femmes opérées d'un cancer du sein ? Les séances d'École du Dos ? La prévention auprès de vos patients lombalgiques ?... Au lieu de vous barrer la route, peut-être le ministère serait-il mieux avisé de travailler avec vous. Il est toujours possible d'imaginer des collaborations fructueuses. Mais là, cela me semble mal engagé.