L’hebdomadaire de la profession
pour les kinésithérapeutes

Parlons-en avant qu'il soit trop tard

Sophie Conrard
Kiné actualité n° 1430 - 14/01/2016

Désolée mais je crois que je vais casser l’ambiance. Après vous avoir présenté mes vœux la semaine dernière, pleine d’enthousiasme, je voudrais aborder aujourd’hui un problème délicat et dont, la plupart du temps, on n’ose pas parler. Surtout pas avec les personnes concernées. Par peur d’être ostracisé par ses confrères ou délaissé par ses patients, notamment.

Le suicide d’un cardiologue réputé de l’AP-HP, mi-décembre, pousse quelques langues à se délier.
Certains professionnels de santé osent témoigner dans les médias, sous couvert d’anonymat (on comprend aisément pourquoi). “Mon histoire est la même”, racontait une urgentiste à nos confrères d’Egora.fr le 8 janvier. J’ai moi-même reçu plusieurs réactions de masseurs-kinésithérapeutes suite à la publication de différents articles sur l’épuisement, les addictions ou le suicide chez les professionnels de santé. Un bref mail, un message privé sur Facebook, autant de cris de détresse à moitié voilés. Inutile de vous dire que je me sens complètement démunie, quand je sens qu’il devient vital et urgent d’interrompre la descente aux enfers…

Que faire, à mon niveau ? Vous inciter à briser le tabou. Libéral ou salarié, chacun d’entre vous peut y contribuer. Si vous n’êtes pas vous-même touché, vous connaissez peut-être un confrère au bord de la rupture. Osez lui en parler, quitte à essuyer un refus. Insistez, dans la mesure du possible. Il existe des associations [1] dont la mission est de venir en aide aux professionnels en difficulté. L’anonymat est garanti. N’attendez pas qu’il soit trop tard pour agir (ce conseil vaut pour moi aussi). Plus nous serons nombreux à en parler, plus cela poussera notre société à trouver des solutions adaptées pour prendre en charge les personnes concernées, à commencer par des structures dédiées et des aides financières pour soutenir les libéraux obligés d’interrompre un temps leur activité pour se reconstruire.

[1] www.aapml.fr, 0 826 004 580, appel anonyme 24/24h, 7/7j.

© D.R.

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