Édouard Manson :
au palet des glaces
Raphael Godet
Kiné actualité n° 1488 - 04/05/2017
La France co-organise avec l'Allemagne les mondiaux de hockey sur glace, du 5 au 21 mai. En coulisses, il y aura notamment Édouard Manson, 43 ans, qui soigne les bobos des Bleus depuis 2006.
Aïe, fichu coup de crosse pile dans la cuisse d’un hockeyeur français. Édouard Manson, la main sur la trousse médicale, n’a que quelques secondes pour évaluer la situation et décider de pénétrer sur la glace pour jouer au “magicien d’os”. Un massage, un peu de froid, de la pommade, et le voilà qui retourne à sa place en attendant la prochaine alerte.
À l’occasion des championnats du monde de hockey sur glace, qui débutent le 5 mai en France et en Allemagne, Édouard Manson fera une nouvelle fois partie des hommes de l’ombre des Bleus. Le staff médical dispose de deux espaces de soins. Le premier dans le vestiaire de la patinoire, le second à l’hôtel. Des tables de massage, des appareils spécifiques… “Aujourd’hui c’est assez facile de déplacer le matériel. C’est une sorte de cabinet ambulant qu’on peut emporter à peu près n’importe où.”
Les épaules et le dos
Son travail est avant tout préventif : “L’idée, c’est de préparer les corps à l’effort et de faciliter leur récupération.” Mais l’équipe de France n’est malheureusement pas à l’abri de pépins plus graves. Car le hockey sur glace est un sport très intense, très physique, et donc très traumatisant. “Malgré les protections, les épaules et le dos sont les zones qui souffrent le plus, en règle générale. Viennent ensuite les entorses des chevilles sur un mauvais appui, les fractures des poignets sur une chute...” Et à chaque fois, le temps presse pour remettre le joueur sur les patins avant le match suivant, qui arrive toujours trop vite. “On vit avec le groupe 24 heures sur 24. S’il y a besoin de soigner un gars à minuit ou 1h du matin, on le fait.”
"L'idée, c'est de préparer les corps à l'effort
et de faciliter leur récupération"
Dans le sport de haut niveau, il n’est pas rare que le kinésithérapeute enfile par moments “la blouse du psy : lors des séances de soins, il arrive en effet qu’un joueur me fasse part de ses états d’âme. C’est le lot de tous les sportifs professionnels, il y a des périodes d’euphorie totale et d’autres de doute. Il y a la famille qui est loin, la pression de la compétition… Même si je n’ai pas les compétences d’un psy, j’écoute, je conseille, je rassure. Il y a des choses qu’on peut plus facilement dire à son kiné qu’à son coach.” Il arrive aussi qu’Édouard Manson donne son avis sur l’état de fatigue d’un joueur, “mais c’est toujours l’entraîneur qui prend la décision finale”.
Une passion de toujours
Voilà onze ans qu’il soigne les bobos des hockeyeurs français. Il a participé à toutes les campagnes européennes et mondiales. “Mais cette fois, c’est différent parce que cela se passe à la maison. On a l’opportunité de montrer à tout le pays que le hockey est un sport qui compte. Si on suscite de nouvelles licences chez les jeunes, on aura réussi notre pari.”
Le hockey, Édouard Manson en parle avec son cœur : “C’est ma passion de toujours !”
Il y a d’ailleurs joué jusqu’à ses 28 ans.
Chez les Drakkars de Caen surtout, ville dont il est originaire.
Et lorsqu’il a entamé ses études de kinésithérapie à Rouen, autre grand nom du hockey hexagonal, hors de question de lâcher la crosse. “Je faisais plusieurs allers-retours par semaine entre les deux villes pour être présent aux entraînements et aux matches. À la louche, ça devait représenter un petit millier de kilomètres”, calcule celui qui est sorti diplômé en 1997.
Anglet, le bord de mer et les rugbymen
Après le mondial, Édouard Manson reprendra sa vie normale. Celle de kinésithérapeute à Anglet, dans les Pyrénées-Atlantiques. Il a choisi de s’y installer en 2001 “pour la mer, le surf et la région”. Il y a ouvert deux cabinets, l’un pour la rééducation, l’autre pour l’ostéopathie. Il y reçoit aussi bien des personnes âgées que des joueurs de rugby de l’Aviron Bayonnais ou du Biarritz Olympique. Pour autant, il n’est pas pressé de revoir l’océan : “Tant que je ne suis pas rentré à la maison, c’est que les hockeyeurs ont besoin de moi. Et donc qu’on est encore en lice !”
© D.R.