Faut-il garder le monopole du massage ? Poser la question, c'est déjà y répondre !
À quoi cela sert-il de le garder chez nous, jalousement ? Sommes-nous encore en train d'appliquer une défense corporatiste, pour mieux garder notre pré carré ? Mutualisons, mutualisons ! C'est le nouvel horizon ! Deux exemples vont me permettre d'illustrer mon point de vue.
Exemple n°1 : je suis curieux de nature, je cherche la liste des masseurs-kinésithérapeutes dans les Pages Jaunes. À la rubrique "masseurs-kinésithérapeutes", il est inscrit : voir "Kinésithérapeutes". Dans le Bottin, nous avons déjà perdu le titre de "masseur". Nous sommes donc devenus des kinésithérapeutes. Ceux qui pratiquent la rééducation et la physiothérapie.
Exemple n°2 : le drainage lymphatique manuel. Vous avez besoin d'un kiné draineur ? Eh bien, vous pouvez commencer à chercher. Du drainage avec des machines, oui ! Il y en a pléthore ! Mais à la main ? Plus rare qu'une oasis dans le désert ! Ben oui, quoi : ce massage est individuel et mal payé !
Le travail en groupe domine la rééducation. Avec des machines perfectionnées. Des exercices à "faire faire", sous la houlette du kiné. À plusieurs, c'est plus rentable ! Plus on est de fous dans le cabinet, plus on rit ! Alors, le massage… Hop, aux oubliettes !
Nous connaissons des kinésithérapeutes qui pratiquent encore l'art des massages. C'est normal, c'est leur métier. Le kiné est encore "le professionnel du massage". Mais cela devient une denrée rare.
Le massage est, hélas, trois fois hélas, un acte individuel au sens littéral du terme. Heureusement qu'il y a des machines à masser ! Nous sommes sauvés !

"Le drainage à la main ?
Plus rare qu'une oasis dans le désert !"

Le massage est dans notre boîte à outils. Sa création remonte du fond des âges. Quelque onguent appliqué par le sorcier du village, et voilà la naissance du massage. La douleur s'en va, c'est magique.
C'est aussi une relaxation manuelle. Le massage est un voyage pour deux personnes. Poser les mains sur le dos d'une personne n'est pas neutre pour le masseur. Il aborde toujours une île inconnue. Le corps d'hier n'est pas celui de demain. Le corps parle, s'exprime selon les humeurs H qui l'habitent à l'instant T. H + 1 correspond à T + 1, etc. Les émotions d'hier ne sont pas celles de demain.
Autrefois, il y a bien longtemps, il y avait le masseur médical. Ne vous  inquiétez pas, il va revenir !

Patrice Bourdicaud (93)