"Une vie à mille ans"
15 décembre 2015
Votre courrier :
À quoi bon vouloir prolonger la vie, même dans les meilleures conditions ? C’est pourtant ce que réalisent au quotidien les professionnels de santé, désormais adossés aux nouvelles technologies, nous faisant gagner trois heures de vie par jour [1].
Il y a donc ceux qui aiment la vie jusqu’à vouloir la faire durer indéfiniment, et les barbares qui abrègent celle des autres. Nous nous intéresserons aux premiers, en regrettant que les seconds existent.
Sur 80 milliards d’objets connectés dans le monde, 60 % concernent le domaine de la santé. Robots chirurgicaux, implants électroniques, imagerie, nanotechnologies, décryptage du génome, nouvelles molécules, médecine de parcours, prévention, etc. permettront de relever les grands défis du moment : faire reculer le cancer, l’AVC, les maladies chroniques. (…)
La durée de vie bionique, mi-chair, mi-technologie, augmente. Le point de chute recule, mais ne s’efface pas. Malgré notre désir d’éternité, nous finissons par mourir. (…)
À quoi bon vivre longtemps, jusqu’à mille ans peut-être un jour ? Pour lire toute la production littéraire depuis l’origine de l’écriture ? (…)
L’Homme continue sa quête, construit des robots qui imitent tout ce qu’il fait jusqu’à défier ses capacités. Pour l’instant, l’Homme conserve un gros avantage : il vit, il ressent. Les 200 milliards de cellules de notre corps jouent en permanence. Selon Luc Ferry, ce qui nous fait vivre, c’est l’amour. Alors aimons-nous les uns les autres… éternellement.
Bernard Gautier (93)
[1] Entretiens médicaux d’Enghien, 3 octobre 2015.