"Réveillez-vous, il est peut-être encore temps !"
8 février 2016
Votre courrier :
Très intéressant, l’entretien avec Alain Macron (Ka n°1431). J’adhère à son analyse : les kinés sont trop passifs, se contentant de leurs actes, souvent “délégués” à du matériel. Ils me semblaient plus actifs dans les années 1960-1990, avec un syndicalisme remuant, des réunions très fréquentées, des manifestations suivies… Cela a bien changé.
Certes, ils n’ont pas toujours été (ou pu être) acteurs de leur évolution. Mais ils y ont contribué par leurs interventions auprès des caisses primaires d’assurance maladie, notamment, et la nomenclature a bien changé. Par exemple, le traitement d’une hémiplégie a été pendant longtemps limité à une année. Ensuite ça a été une séance par semaine, cotée AMK 4. C’est en intervenant ponctuellement, sur des cas précis, auprès du médecin conseil, que cela a contribué à faire évoluer les choses. De même, pour la bronchiolite, il a fallu faire admettre la nécessité de l’intervention le dimanche.
Quant à la perte du monopole du massage, les professionnels ne trouvaient pas ce terme valorisant. On nous appelait “masseurs”, ils voulaient être “kinés”. Ce fut de moins en moins pratiqué. Qui ferait encore du massage esthétique sans remboursement ? Pourtant, d’autres en vivent. C’est de la faute aussi à de nombreux instituts de formation qui, pour remplir leurs cours, acceptaient des “non-kinés”. Il en fut de même pour la rééducation urogynécologique, l’ostéopathie, les méthodes réflexes, etc. J’ai pu me rendre compte de l’étendue de ces pratiques en examinant des demandes d’adhésion à la Charte de qualité des organismes de formation continue.
Pourtant, la recherche est active et bien des sociétés scientifiques de kinésithérapeutes ont été mises en place (en respiratoire, sport, prévention…). Beaucoup de confrères se forment, trop peu mettent en pratique.
Je l’ai déjà écrit dans cette rubrique : les kinés “touchent” peu. C’est en partie la cause du succès des ostéopathes (non remboursés par la Sécu). Les patients apprécient d’être examinés, palpés, massés, mobilisés… On s’occupe d’eux, on les écoute, et ils ne sont pas (comme souvent dans nos cabinets) relégués sur des appareils.
Quant aux APA, pourquoi ne s’engouffreraient-ils pas dans la brèche ouverte ? Quel cabinet de kiné propose des séances de gym collective, pourtant appréciée des patients ? Certes, les écoles du dos (trop peu nombreuses) fonctionnent bien, mais elles ne sont pas toujours encadrées par nous.
Un jour, peut-être ne pourrez-vous plus pratiquer la balnéothérapie ni l’aquagym sans avoir au préalable passé votre brevet de surveillant de baignade, voire plus. En aquagym, pourtant, vous êtes bien placés car lorsque je vois ce qui est fait sous la houlette des maîtres nageurs, c’est loin d’être physiologique et corrigé, faute de formation suffisante.
Réveillez-vous, kinés !
Max Laurent (59)