"Réfuter sans preuve ce qui est affirmé sans preuve"
14 mars 2016
Votre courrier :
À propos du rapport Cortecs [1] d’octobre 2015 sur la validité de l’ostéopathie crânienne commis à la requête du CNOMK.
De quel droit le conseil national de l’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes s’occupe-t-il de “science” ?
Le conseil national de l’Ordre des médecins laisse, lui, cette mission qui n’est pas la sienne aux laboratoires de recherche, aux universitaires et, pour les diplômes, au Haut conseil de l’Évaluation, de la Recherche et de l’Enseignement supérieur (HCERES, loi n°2013-660 du 22.07.2013).
Nos doctes représentants ordinaux se rendent-ils compte que leur regard subjectif autocritique (non validé par une quelconque instance “scientifique”) sur notre belle profession est totalement déplacé (du point de vue de ses prérogatives, limitées par la loi à “l’évaluation des pratiques” et non des disciplines) ?
Il est également contraire à la validation auprès des pouvoirs publics de notre profession puisque “désormais nous le savons [selon les conclusions ordinales], il n’y a pas a priori de raison scientifique de défendre cette discipline ! Rien n’encourage aujourd’hui à la mise en place de ces thérapeutiques dans le cadre d’une prise en charge raisonnée de patients”.
Le meilleur moyen d’évaluer et de valoriser nos actes ne passe certainement pas par le négativisme des résultats obtenus par l’emploi de nos techniques à des fins thérapeutiques. Résultats que pourtant nous constatons et que confirment nos patients, mais non étudiés par une étude qualitative de terrain par l’Ordre.
Étant masseur-kinésithérapeute diplômé d’État-ostéopathe D.O., et enregistré à l’Ordre en tant que tel, je me trouverais néanmoins et de facto, par mon propre Ordre professionnel, contesté à la fois en tant que masseur (quelle validité “scientifique opposable” au massage ?), kinésithérapeute (quelle validité “scientifique opposable” à la rééducation par le mouvement et à la gymnastique ?) et ostéopathe (quelle validité “scientifique opposable” ?…).
C’est à partir de rapports non scientifiques de ce type, basés uniquement sur une revue de littérature (partielle et exclusivement anglo-saxonne) et sans randomisation de terrain, que des pratiques sont interdites (fasciathérapie, kinésiologie, etc.) ou bien interdites d’affichage sur les plaques (Méthode Mézières et autres).
Aucun des auteurs n’est habilité, pour répondre à une commande à charge, à diriger des recherches, émettre un avis non légitime qui subjectivement invaliderait l’emploi raisonné de telle ou telle technique.
Et puisque l’Homme reste toujours enseigné sans tête aux étudiants physiothérapeutes, rappelons la boutade de W.G. Sutherland à propos du titre d’ostéopathe : “DO ne signifie pas docteur en ostéopathie, mais dig on, c’est-à-dire continue à creuser !”
Et puisque l’Ordre n’offre pas de démonstration “positive”, il n’est pas nécessaire de se baser sur une démonstration “négative” pour réfuter son étude réductionniste commanditée à Cortecs.
Michel MAGNAVAL (13)
Masseur-kinésithérapeute D.E.
Ostéopathe D.O.
Mézièriste (pardon, “gymnaste médical par chaîne musculaire”, selon la définition ordinale)
Président honoraire du syndicat FFMKR 13 et de l’Amik Sud-Est.
[1] Collectif de recherche transdisciplinaire esprit critique et sciences.