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"Vivre mieux, vivre mieux"

courrier-des-lecteurs

30 mars 2016

Votre courrier :

Vivre vieux ne peut se concevoir qu’en vivant mieux. Bien que Jacques Brel nous donne une toute autre image des vieux : “Ils ne parlent plus, n’ont plus d’illusions. Ils ne rêvent plus, ne bougent plus. Leur monde est trop petit, du lit à la fenêtre, puis du lit au fauteuil, puis du lit au lit...” et on connaît la suite.

Le projet régional de santé (PRS) n’est pas un texte poétique et mélancolique, mais un ensemble de propositions pour que nous puissions vivre vieux et mieux. Le débat public organisé en ce début d’année par la Conférence régionale de santé et de l’autonomie (CRSA) a permis de dégager quelques pistes [1].

"L'anticipation du vieillissement s'inscrit dans un objectif du mieux vivre ensemble"

Vivre mieux sa vieillesse, c’est déjà s’interroger sur les effets du Temps, “ce temps qui aux plus belles choses se plaît à faire un affront”. Et l’affront, c’est la perte des capacités physiques, mentales et sociales ; c’est l’oubli : on ne sait plus qui on est, ce qu’on a été ; c’est l’isolement, la prostration, la maladie aussi.
S’interroger, c’est déjà admettre la perte, c’est savoir perdre ce qu’on a été pour valoriser ce qu’on n’est pas encore. Avant d’arriver au bout de soi-même, car même si on y laisse obligatoirement quelques pans, nous prenons conscience qu’il y a toujours à faire pour se maintenir.
Les effets du temps se traduisent souvent par l’installation des maladies chroniques. Un tiers de la population a plus de 65 ans. L’espérance de vie, qui était de 47 ans en 1900, est de plus de 80 ans désormais. La société s’organise donc afin d’assurer un parcours de soins et de santé sans rupture avec des opérateurs attentifs et empathiques.
L’anticipation du vieillissement par la prévention et le maintien du lien social, l’adaptation du lieu de vie, l’accompagnement par la famille et les aidants priorisant le domicile ou l’établissement, l’accessibilité financière, surtout pour les plus fragiles : tout ceci s’inscrit dans un objectif du mieux vivre ensemble.
L’idée de dignité humaine dans le respect de l’autre me conduit à penser qu’on ne doit pas catégoriser les personnes selon leur âge et leur degré de handicap, mais valoriser leur autonomie, leur maîtrise, leur convivialité, voire leur insoumission.
La suite, nous la connaissons : “la pendule d’argent qui ronronne au salon, qui dit oui, qui dit non…” oubliera une heure.

Bernard Gautier (93)

[1] D’après le débat public “Vivre vieux, vivre mieux” organisé par la CRSA-IDF le 19 janvier 2016, et la chanson de Jacques Brel “Les Vieux”.