"Lire, interpréter…"
28 septembre 2016
Votre courrier :
Suite à la publication de votre édito dans le Ka n°1457, je me permets de vous faire part de ma consternation. Laisser entendre que les kinésithérapeutes sont des analphabètes ou des illettrés à la veille d’importantes négociations conventionnelles avec l’assurance maladie est parfaitement affligeant et lamentable. En dévalorisant ainsi les kinésithérapeutes, vous vous rendez coupable d’une action particulièrement incompréhensible pour une rédactrice en chef d’un journal qui se doit de promouvoir notre profession !
Philippe Gouet (41)
Plutôt que de considérer nos confrères comme des incapables à l’écriture, peut-être devriez-vous vous poser la question du pourquoi ? Pourquoi cette difficulté face à l’expression écrite ? Pourquoi ne pas enseigner l’art de l’écriture aux masseurs-kinésithérapeutes ? Pourquoi les syndicats, qui négocient des contraintes toujours plus lourdes pour les professionnels (bilan, courrier, compte rendu…) sans jamais obtenir de contreparties, ne s’attaquent-ils pas à ce problème, en usant de leur influence pour sensibiliser les pouvoirs publics à la nécessité d’introduire une formation spécifique des étudiants dès leur entrée en IFMK ?
Je m’interroge aussi sur le fait que vous soyez obligée d’intervenir auprès des rédacteurs pour obtenir un texte exploitable. Est-ce que cela ne risque pas de dénaturer la façon “originale” de présentation voulue par le rédacteur, au profit de quelque chose de plus “lisse”, donc plus vendeur ? Très souvent, nos confrères s’expriment comme de véritables techniciens de la santé. Leur style peut être différent mais compréhensible par leurs confrères.
Enfin, rien ne sert de savoir écrire, encore faut-il avoir quelque chose à dire...
Jean-Baptiste Del Torchio (57)
Réponse de la rédaction :
Jamais je n’ai voulu vous traiter d’illettrés !
Ce n’était pas du tout mon propos et je suis désolée que mon édito ait été compris en ce sens. Certains d’entre vous ont des facilités pour écrire des articles (ou des travaux de recherche, ou des blogs, puisque c’était l’objet de notre dossier de la semaine), d’autres non. C’est tout ce que je voulais dire. Je travaille depuis huit ans à Ka, j’ai beaucoup de plaisir à vous fréquenter et je vous estime. Jamais je ne me permettrais de vous regarder de haut.Soyez assurés que lorsque je relis et corrige un article, ce n’est pas pour le rendre “plus lisse” ou “plus vendeur”. Ce n’est pas le genre de la maison. Tous les articles publiés dans Ka sont relus et corrigés, même mes éditos ! Par ailleurs, sachez que nous mettons en forme les articles de formation continue avec la collaboration de leurs auteurs. Nous échangeons par mail, ils reçoivent la maquette et nous envoient leurs corrections, jusqu’à ce que nous ayons leur “feu vert” définitif. En ce qui concerne le pourquoi (des difficultés que rencontrent certains masseurs-kinésithérapeutes pour écrire un article scientifique), sachez que l’INK a proposé pendant plusieurs années une formation sur “l’écriture professionnelle”, qui a fini par être retirée du catalogue faute de participants…Pour finir, je vous invite à relire une interview de Michel Gedda, directeur de l’IFMK de Berck, publiée dans le Ka n°1260, et à consulter un billet qu’il a récemment publié sur medicappconnect.com/blog (accès gratuit), intitulé “L’avenir de la kiné passe par l’écrit”. Sophie Conrard |