L’hebdomadaire de la profession
pour les kinésithérapeutes

"Être ou ne pas être"

courrier-des-lecteurs

8 novembre 2016

Votre courrier :

Être en bonne santé ou ne pas l’être ? L’OMS définit la santé en 1946 comme “un état de complet bien-être physique, mental et social ne consistant pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité”.
Lorsque le cancer est diagnostiqué, le bien-être physique est déjà altéré. Le mental en prend un coup et le rôle social passe au second plan. Pourquoi serais-je dans les 385 000 diagnostiqués, et pire encore, dans la moitié qui décèdera ? Ma génétique est-elle en cause ? Mon mode de vie ?
On estime que si les fumeurs ne fumaient plus, si les buveurs ne buvaient plus, et si une plus grande attention était portée aux risques d’infection, inactivité physique, obésité, surpoids, UV, expositions aux risques professionnels et pollution, nous réduirions de 40 % le risque cancérigène. Restent 60 % qu’il faut identifier et traiter.
La génétique et l’oncogénétique éclairent notre sujet en révélant les anomalies. Il est rassurant de savoir que tous ne développeront pas forcément la maladie. Ainsi, dans une famille de deux ou trois cas, les progénitures ne sont pas obligatoirement porteuses. Tous les cancers non agressifs ne nécessitent pas un traitement. Ils sont alors suivis dans une désescalade thérapeutique et une observation régulière.
La biopsie tissulaire, acte chirurgical conséquent, s’efface devant une simple prise de sang, la biopsie liquide, puisque la cellule atteinte passe dans le sang. Même si ce dernier n’est pas homogène, il l’est davantage que les tissus de la tumeur primaire et des métastases.
Cibler la cellule cancéreuse est essentiel. Mais la génomique incite à développer la recherche sur l’environnement immunitaire. Comprendre le rôle de ce système, son importance dans la mutation de la cellule ouvrira un champ d’investigation prometteur.
On disposera désormais d’une multitude de données collectées par les GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple) pour affiner les profils à risque et à haut risque, mieux comprendre la physiopathologie et ainsi développer une prévention plus efficace. Avant que le cancer ne devienne une maladie comme les autres, une maladie chronique peut-être, il n’en reste pas moins qu’il tue cinquante fois plus que les accidents de la route.
Se pose alors la difficile situation de la fin de vie qui peut, malgré tout, arriver très tôt. “Nous savons que nous allons mourir, mais nous n’y croyons pas”, écrit le philosophe Vladimir Jankélévitch, cité par Raphaël Enthoven.
Les masseurs-kinésithérapeutes jouent, au sein de l’équipe de santé, un rôle important. Par leur présence, leurs paroles, leurs gestes, leur toucher, ils accompagnent dans la dignité la personne en fin de vie.

Bernard Gautier (93)
D’après les Entretiens médicaux d’Enghien. 15 octobre 2016.