L’hebdomadaire de la profession
pour les kinésithérapeutes

"Le lumbago aigu et le kiné"

courrier-des-lecteurs

4 janvier 2017

Votre courrier :

Grande nouvelle : le rapport nouveau de la Sécu est arrivé. En même temps que le beaujolais. Beaucoup moins convivial, le rapport. Beaucoup moins gouleyant que le vin, pour les kinés.
Sujet : prouvez, en quelques pages, que la place du kiné est inutile dans le lumbago aigu !
Ce qui fut demandé fut fait. Il leur a suffi, aux scientifiques, pour plaire aux politiques, de choisir, de façon partielle et partiale, des articles publiés dans des revues scientifiques afin d’instruire le rapport “à charge”. En partant du principe que “si l’on veut noyer son chien, on l’accuse de la rage”.
Il paraît que les lombalgies aiguës guérissent spontanément en quatre semaines. Dans 90 % des cas. Restent 10 % de cas récalcitrants. 75 % des personnes interrogées ont eu des récidives. Mais ce n’est pas l’objet du rapport actuel. On verra ça plus tard. Quand on aura plus de temps. Le but de ce rapport est de nous démontrer que l’on peut faire des économies en virant le kiné, pendant ces fameuses quatre semaines.
Oui, bien sûr, Dame Nature fait très bien son travail pendant tout ce laps de temps ! Il y aura toujours quelques âmes bien nées qui ne pourront pas s’empêcher de crier haut et fort : “Laissons-la faire et tout rentrera dans l’ordre ! Cela générera bien des économies ! On en a tellement besoin !”
Oui bien sûr, tout rentrera (ou presque) dans l’ordre ! Mais ne pourrait-on pas lui donner un petit coup de pouce, justement, à la Nature ?
“Lumbago aigu, ne restez pas plus de 24 ou 48 heures maxi au lit ! Levez-vous, bougez !”
Comme un arbre a besoin d’un tuteur pour grandir droit, il faut au patient, douloureux, coincé, bloqué, “un tuteur” pour lui éviter des mouvements et des souffrances inutiles. Oui, bien sûr, il y a le paracétamol. C’est bon pour le corps, c’est bon pour le moral ! Mais est-ce suffisant ?
N’est-ce pas le rôle du kiné que de soigner le mouvement par le mouvement ? Ne fait-il pas ce travail dans cet intervalle de quatre semaines ? Et s’il fait gagner une ou deux semaines de douleurs et de blocage musculaire et social, n’est-ce pas donner au patient un meilleur moral qui va hâter sa guérison ?
N’est-ce pas au kiné d’aider son patient à gagner encore plus de temps, par des conseils avisés d’hygiène de vie et d’éducation à la santé ? Comme la repasseuse qui évite les faux plis, le kiné évite à son patient les faux mouvements, responsable de bien des maux.
Mais bon, le kiné, ça coûte cher. On n’a plus de sous, on a tout bouffé hier ! Il faut donc le sacrifier sur l’autel de la rentabilité ! Comme le bœuf sacrificiel des croyances de l’Ancien Temps !

Adieu kiné, on t’aimait bien.
Adieu kiné, on te regrettera.
Mais tu vois kiné, on n’y peut rien,
Si maintenant, nécessité fait loi.
Tu vois kiné, on est fauché
Comme dans les champs, tout le blé.
Tu vois kiné, on n’a plus d’argent
Pour soigner tous les gens.
Adieu kiné, on t’a remplacé
Par le service Comptabilité.

Patrice Bourdicaud (93)

Réponse de la rédaction :

Vous n’êtes pas le seul à avoir été choqué par ce rapport. Une équipe de quatre confrères a pris l’initiative de nous proposer ses services pour démontrer clairement que ses conclusions sont erronées, infondées, et prouver les bienfaits de la kinésithérapie dans ce contexte. Ils ont déjà publié deux articles dans nos colonnes (Ka n°1459 p. 10 et Ka n°1468 p. 14 à 17), et il y en aura d’autres !