"Anecdote ou problème sociétal ?"
5 avril 2017
Votre courrier :
Masseur-kinésithérapeute installée en libéral depuis plus de 35 ans, avec, bon an mal an, des assistant(e)s plus ou moins investi(e)s et restant à mes côtés de quelques semaines à quelques années, j’ai vécu l’été dernier, une expérience plus que décevante.
Ayant toujours eu envie de transmettre mes connaissances et mon expérience, j’accueille très volontiers des stagiaires d’IFMK lorsque l’occasion se présente. Au printemps dernier, donc, j’accueille pour deux semaines une K3 dans mon cabinet. Je lui confie, bien sûr, des patients, tout en restant à ses côtés afin qu’elle se familiarise avec la lecture d’une prescription, le BDK, la prise en charge du “malade”, mais aussi avec le logiciel métier, notre NGAP et l’administratif. N’ayant jusqu’à présent fait que des stages en milieu hospitalier, elle n’avait aucune notion : NGAP inconnue, risque AT ou ALD, CMU… C’était du “chinois” !
Si c’est avec plaisir que j’ai pris du temps, dépensé de l’énergie et usé de la patience de mes patients, c’était aussi, je l’avoue, dans l’espoir qu’une fois son DE en poche, elle vienne travailler avec moi avec de bonnes bases.
Les quinze jours se sont très bien passés, elle voulant apprendre, moi ravie de lui être utile. Nous avons même passé le dernier soir à relire et annoter son mémoire, puis à envisager mon remplacement lors de mes congés d’été, à condition, bien sûr, qu’elle décroche son DE. Juillet arrive, et DE en poche, elle me téléphone pour s’assurer des démarches à faire pour pouvoir travailler (préfecture, Ordre, Urssaf, Carpimko, RCP…) puis accepte volontiers de me remplacer du 15 juillet au 6 août. Nous convenons donc d’une semaine en commun au cabinet (pour parfaire ses connaissances de l’administratif), après quoi elle “volera de ses propres ailes”.
"C'est un cabinet dans lequel ils pratiquent TOUS des dépassements d'honoraires,
alors je vais en faire autant et comme ça, ce sera cool"
Le remplacement se passe bien, je réponds au téléphone presque quotidiennement, soit pour des soucis administratifs, soit pour la rassurer sur un traitement pour un nouveau patient. À mon retour, je lui propose un assistanat, à horaires ajustables si besoin. Je suis en province et elle aime la vie à Paris. Elle me demande un temps de réflexion puis, quelques jours après me dit : “Dommage que tu ne viennes pas t’installer à Paris, car j’aimerais beaucoup travailler avec toi, je suis sûre que j’apprendrais beaucoup et que ce serait agréable. Mais j’ai trouvé un assistanat où, en plus, je suis sûre que je vais bien gagner ma vie.
- Pourquoi, lui répondis-je, avec moi tu n’as pas gagné ta vie cet été ? Le pourcentage de rétrocession est moindre pour toi ?
- Non, c’est le même, mais là, c’est un cabinet dans lequel ils pratiquent TOUS des dépassements d’honoraires, alors je vais en faire autant et comme ça, ce sera cool.”
Et voilà : un DE le 1er juillet, et des dépassements d’honoraires dès septembre. Justifiés très certainement par une expérience hors du commun et des techniques spécifiques. Et pour mon propre investissement, je le facture à qui le dépassement d’honoraires ?
Sylvie Desaleux (60)