"Une profession dévalorisée"
4 juillet 2017
Votre courrier :
Napoléon disait que l’on gouvernait les hommes avec des hochets. Que penser de la prouesse technique qui consiste à faire passer les études de kiné de Bac +3 à Bac +5 ? Pourrait-on l’assimiler à “un joujou extra qui fait crac boum hue” ? Il fut un temps, que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître, où nos études étaient encore à Bac +2. Nous avons enrichi nos compétences. Nous avons acquis des connaissances. Nous avons progressivement intellectualisé notre profession. Nous ne travaillons plus seulement avec nos muscles de masseur. La maîtrise de nos neurones nous permet d’effectuer des bilans, d’évaluer une stratégie thérapeutique. De mieux cerner, évaluer les besoins de notre patient. Cela mérite bien un Bac +5.
Vous avez raison de penser ainsi. Mais la société capitaliste – pardon, je voulais dire libérale (ça fait mieux dans le décor) – évalue les connaissances et les compétences d’un travailleur (au sens large) par la hauteur du salaire ou de la rémunération qu’il touche à la fin du mois. Force est de constater que ce n’est pas le cas chez nous. Nous avons des honoraires éminemment ridicules. Il est vrai que le montant des charges n’augmente pas ou peu, vu qu’il n’y a pas, ou peu, d’inflation. C’est le discours économique politique actuel chez nos princes qui nous gouvernent.
Nous avons des honoraires dignes d’un Bac +3. Comme autrefois. Il est bon pour notre ego de nous flatter en révisant “à la hausse” notre formation initiale. Cela ne mange pas de pain et cela ne coûte rien à l’État de nous passer la brosse à reluire !
Nous autres, ce que l’on voudrait, c’est (soyons clair) du pognon ! Du fric, du flouze, de l’artiche ! Et pas que des effets de manche. Essayez d’acheter votre pain quotidien en brassant de l’air… Vous allez ressortir de la boulangerie vite fait bien fait, avec en prime un coup de pied du patron en direction de vos miches rebondies ! Faudra-t-il, pour arrondir nos fins de mois, aller faire la manche le dimanche, sur le parvis de l’église, en criant “à vot’ bon cœur, m’sieurs dames, pour les kinés nécessiteux de la paroisse” ?
Patrice Bourdicaud (93)