Selon la mythologie grecque, Panacée est la déesse des soins, une des filles d’Esculape, le héros guérisseur, et petite-fille d’Apollon, dieu et médecin. De nos jours, elle est le remède à tous les maux et par extension, une solution à tous les problèmes.

La Haute autorité de santé (HAS), lors d’un colloque international le 14 novembre dernier, a placé la notion de pertinence au cœur du parcours de soins. Agnès Buzyn, ministre de la Santé et ancienne présidente de la HAS, a décliné dans son discours ce qui fut le fil conducteur de la journée : les recommandations de bonne pratique, la qualité des parcours, la médecine basée sur les données scientifiques, le DPC, les référentiels limiteront l’empirisme et l’intuition.

La sécurité des soins est une préoccupation millénaire. Primum non nocere – “d’abord, ne pas nuire”, énonçait Hippocrate en 410 av. JC. C’est toujours d’actualité, pour le bien des patients et l’efficience des professionnels de santé. Cela consiste aussi à éviter les actes inutiles. Selon l’OCDE, 20 à 30 % des actes et prescriptions ne sont pas justifiés.

Les économies dégagées par la régulation des soins doivent permettre de financer l’innovation. (…)

Si cette stratégie est aussi pertinente qu’il y paraît, elle fait figure de panacée. C’est le remède qui garantira la qualité du système de soins, mais aussi et surtout l’équilibre financier. Les soins non justifiés, les examens doublons, les médicaments insuffisamment actifs disparaîtront du panier.

Même si certaines prises en charge sont retenues dans le filtre des preuves scientifiques, pourquoi ne pas développer ce qui remplace la matière active : le placebo ? Les maladies chroniques représentant une part conséquente des soins, avec une forte pénétration nociceptive du système nerveux, il conviendrait d’amplifier la recherche sur ses effets et ses champs d’application. Cette suggestion probablement impertinente ne peut-elle pas nourrir le concept de pertinence ?

Bernard Gautier (93)