"La pertinence des soins"
7 mars 2018
Votre courrier :
Que peut faire la pertinence des soins face à l’impertinence des maux et des dépenses ? Ce qu’elle fait habituellement, soigner. (…) Mais, horreur, malheur, ça va coûter ! Eh bien, ça coûtera, voilà !
Peut-on laisser des personnes dans la peine, la détresse et la douleur ? Assurément non !
On ne fait pas d’économies sur le coût de la vie. C’est indécent. Si l’on veut une médecine low cost, on aura des soins bas de gamme. En rapport avec la pauvreté des moyens engagés ! (…)
Qu’en est-il de la pertinence des soins pour un kinésithérapeute ? Quand il reçoit une prescription médicale, il doit s’exécuter. Répondre à la demande du médecin et du patient. L’obéissance fait la force de la rééducation, non ? Seulement voilà ! Plus il travaille, plus la CPAM pleure le remboursement de ses soins. Cela fait franchement moche dans le tableau statistique annuel. Et on nous fait les gros yeux. (…) Rendez-vous compte ! Nous avons dépassé les chiffres de remboursement prévus par l’enveloppe budgétaire annuelle. Quel malheur !
Le kiné est-il responsable des maux de ses patients ? Il n’y peut rien si un bébé a une bronchiolite ! Ou si une dame présente un cancer du sein ! Il n’est pas non plus responsable de la rupture des ligaments croisés du genou suite à un accident de ski. (…)
Comme disait ma grand-mère, dans sa grande sagesse, “la santé, ça n’a pas de prix ! Mais ça a un coût !” (…) On peut toujours faire des économies “à la petite semaine”. Fermer des services. Regrouper des hôpitaux. Réduire drastiquement le nombre de soignants. Limiter les salaires et les honoraires. (…)
Mais ça sert à quoi de fustiger les soignants ? Cela va les rendre meilleurs ? À les rendre coupables de maladies, d’épidémies, d’accidents dont ils ne sont pour rien, les rescapés du laminage médical vont peut-être être victimes de burn out. Et risquent d’exploser en plein vol ! Il va être beau, le résultat. C’est ça qu’elles veulent, nos grosses têtes ? Elles vont finir par gagner ! (…)
À trop serrer le robinet du lavabo qui fuite, c’est le joint en caoutchouc qui lâche. (…) Et après, on fait quoi ? Quand les soignants ne seront plus là, la maladie vaincra. Et l’Homme mourra.
Patrice Bourdicaud (93)