"Intelligence artificielle"
22 novembre 2018
Votre courrier :
(…) Je travaille en solitaire dans mon petit cabinet. Mais je ne me sens pas seul ! Je contacte des gens par mail, j’ai Internet et je vais à la pêche aux informations. L’intelligence artificielle vole à mon secours. Néanmoins, mon expérience et mon âge me poussent à me méfier de ces algorithmes qui veulent penser à ma place ou m’imposer leur stratégie mathématique. Je comprends très bien que l’ingénieur conçoive des robots de haute technologie destinés à “remplacer” le praticien. Alors comme ça, la “grosse bébête”, elle va faire à ma place ? Grand bien lui fasse !
Et si moi, kiné, devenu patient chez un confrère ou une consœur, je préfère le contact de la main du praticien sur mon dos, le réconfort de sa voix et son expérience à la machine, aussi intelligente soit-elle ? Elle n’est jamais qu’un “tas de ferraille”, aussi sophistiqué soit-il ! De quelle psychologie et de quelle empathie fera-t-elle preuve avec moi ? Où est l’humain dans tout ça ?
À moins que ce soit qu’une notion complètement dépassée… Oui, je sais. “Papy, il faut vivre avec son temps !” Et quand Papy ne peut pas ou plus se déplacer au cabinet du praticien, c’est la “grosse bébête” qui vient à son chevet ou un kiné en chair et en os ?
Et si ce kiné-là ne peut ou veut pas se déplacer à domicile parce que ce n’est “pas assez rentable”, il fait quoi Papy ?
Il finira dans un mouroir. (…) Pas de moyens, pas assez de personnel dans cette belle institution ? Peut-être qu’un robot pourrait aider… À faire quoi ? À torcher les vieux quand ils auront fait sous eux ? La vieillesse est un naufrage… Au secours, je ne veux pas me noyer !
Patrice Bourdicaud (93)