"Tribune"
20 mars 2019
Votre courrier :
Cher amis, cher Jean-Philippe et cher Baptiste,
Je découvre l’article paru dans le “Midi Libre” du 15 février et je dois dire que vos propos me laissent circonspect – le mot est faible.
En effet j’y lis – la liste n’est pas exhaustive – que la kinésithérapie doit être dépoussiérée, que les financements doivent évoluer et ne pas provenir pour l’ensemble de la profession (et donc pour l’ensemble de la population) de l’assurance maladie, de même que les pratiques de nombre de confrères seraient inefficaces, voire déviantes, etc. Alors autant vous faire part de mon étonnement et de ma colère devant cette charge contre la profession.
Il semblerait que vous regrettiez le fait de n’être que peu consultés par les tutelles sur les problématiques de notre système de santé. Je me permets de vous rappeler que là n’est pas votre rôle à la SFP et que votre vision de la kinésithérapie n’est pas partagée par tous, ne vous en déplaise.
Le monde professionnel est représenté par des syndicats représentatifs, dont la FFMKR, pour avoir une approche politique unificatrice et non clivante. Comme le démontre cet article, vous faites peu de cas de l’unité professionnelle et de la confraternité. Il est des situations dans lesquelles l’assurance de détenir la vérité est une grave faute. La vôtre l’est, au vu du peu de sens politique dont vous faites preuve.
Si je partage avec vous la nécessité d’améliorer la validation des pratiques par l’EBM et l’EBP, la FFMKR ne saurait accepter que sous le prétexte de défendre une vision plus scientifique de la profession de masseur-kinésithérapeute, vous jetiez aux yeux de tous le discrédit sur les professionnels qui œuvrent, pour la grande majorité, en respectant leurs patients et en mettant à jour leurs connaissances, par tous les moyens à leur disposition, pour offrir des soins de qualité.
Messieurs, je vous inviterai donc à l’avenir à faire preuve de plus de mesure, de modestie et de sens politique. Pensez aussi à vos aînés qui ont participé à l’élaboration de l’un des meilleurs systèmes de soins au monde en prenant en charge leurs patients avec la même volonté que vous de bien faire et de faire toujours mieux. Promouvoir votre vision de la kinésithérapie ne se fera pas par le mépris de ceux qui, malgré ce que vous en pensez, restent vos confrères. Attention de ne pas quitter le champ scientifique pour celui du scientisme.
Il est évident que cet épisode ne sera pas sans conséquence dans les termes du partenariat entre la SFP et la FFMKR dont nous devions discuter.
Pour le bureau de la FFMKR
Olivier-Jean Marty, Vice-président
Cette tribune fait suite à la publication d’un entretien avec Jean-Philippe Regnaux, président de la Société française de physiothérapie, et Baptiste Michaux, organisateur des JFK, intitulé “Il faut dépoussiérer le métier de kinésithérapeute” paru le 15 février 2019 dans “Midi Libre”.