"Un rendez-vous manqué"
19 juin 2019
Votre courrier :
En 1978, jeune diplômé, je suis allé me présenter au siège de l’AP-HP, rue Victoria à Paris. J’envisageais alors d’épouser une carrière de kiné salarié. N’ayant pas effectué mon service militaire, on me demanda de renouveler ma demande après la quille. Après mon année passée en kaki, je me représentais au siège de l’AP-HP rêvant cette fois d’une blouse blanche. Malheureusement, tous les postes étaient pourvus et on me conseillait, cette fois-ci, d’exercer en libéral en attendant une réponse à ma demande. Le pli était pris, j’avais pris goût à l’exercice libéral et je n’ai pas renouvelé ma demande.
En libéral, les 2 ou 3 premières années étaient difficiles car il fallait un peu de temps pour se faire une patientèle. Le rapport était en faveur des patients, mais les honoraires nous honoraient encore et nous permettaient de vivre correctement de notre travail.
Aujourd’hui, je lis partout que les hôpitaux manquent dramatiquement de kinésithérapeutes salariés, que les postes ne sont pas pourvus, et même que le travail des kinés était, parfois, exercé à tort par d’autres professionnels, tels que les Staps-APA.
Aujourd’hui, il existe des campagnes où on manque de kinésithérapeutes libéraux. Comment s’installer dans des endroits où il n’y a pas d’emploi pour les conjoints, pas d’école pour les enfants, pas de transports, bref, où l’État s’est désengagé, mais veut nous forcer à nous y installer ?
Nos honoraires, dans le même temps, ont stagné, rendant la location ou l’achat de locaux difficiles, entraînant un manque de kinés dans certains centres-villes. (…)
Voilà le résultat de plus de 40 ans de gestion par des technocrates, des économistes, des politiciens, qui, sans ciller, nous demandent (…) de leur faire confiance alors que les faits ont largement montré qu’ils nous avaient mis dans le pétrin.
(…) Ajoutez à cela qu’un syndicat, souffrant probablement du syndrome de Stockholm, signe tout et n’importe quoi venu des caisses, et l’espoir d’amélioration de la situation est encore plus mince.
Marc Diard (94)
Courrier paru dans le KA n°1546 du 20 juin 2019