Un amphi plein pour la conférence "Rééducation et cerveau" de l'Ecole d'Assas
Sophie Conrard
- 28 mars 2018
L'Ecole d'Assas organisait le 21 mars une conférence sur le thème "rééducation et cerveau", avec 2 intervenants, Thomas Osinski et Serge Mesure. La salle était pleine.
Organisée en partenariat avec Kinésithérapie Scientifique et Kiné actualité, cette conférence abordait un thème pointu : les interactions entre cerveau et rééducation. "Amphi plein, ambiance studieuse, interventions de haute volée : en dépit de l’heure tardive et de la grève des transports qui se profilait, ce fut un succès", se réjouissent les organisateurs.
La soirée fut introduite par Michel Pillu, enseignant à l'Ecole d'Assas et coordinateur de l'événement. "L’idée du cerveau, au sens fonctions supérieures cognitives du terme, nous a semblé une évidence. N’importe quelle prise en charge de quelque patient que ce soit est la rencontre de deux cerveaux, porteurs l’un de technicité kinésithérapique et d’un vécu humain de thérapeute et l’autre d’une histoire humaine de patient. On voit bien que le champ du sujet Cerveau et rééducation est immense, labyrinthique et source de perplexité pour n’importe quel thérapeute. L’idée du thème de cette conférence est également en lien avec le bouillonnement actuel des neurosciences. Presque chaque jour, les scientifiques nous apportent de nouvelles informations concernant les liens entre le cognitif et le comportement, entre le savoir et la pensée, entre le cortex et l’apprentissage. Tout cela explique et justifie que l’École d’Assas invite deux chercheurs qui vont nous faire voyager dans l’univers des neurosciences pour le plus grand bien des patients", a-t-il expliqué.
La douleur est un événement neurophysiologique avec un fort impact sur la personne qui souffre et les personnes autour
Kinésithérapeute libéral, Thomas Osinski est l'auteur d'une thèse sur la neurophysiologie de la douleur. Il a proposé un exposé intitulé "La tête dans les douleurs : quel(s) cerveau(x) la douleur influence-t-elle ?". Rappelons que la douleur est la principale cause de consultation en kinésithérapie.
"Phénomène complexe, elle est le résultat de la mise en jeu d'une multitude d'éléments : état physiologique, perception de cet état, émotions et cognitions relatives à son état, etc. Quand une personne souffre, elle communique des informations sur les différentes facettes de sa douleur et le thérapeute l'interprète avec ses propres filtres. C'est en cela que la communication est centrale dans la prise en charge d'une personne douloureuse", a-t-il expliqué. Le parcours de soin comporte nécessairement des traits psychologiques.
Après avoir détaillé la neurophysiologie de la douleur, il a longuement évoqué la manière dont "la douleur vécue perçue ou suspectée chez un autre peut influencer le cerveau et le comportement du kinésithérapeute", via les mécanismes de l'empathie. "La relation thérapeutique peut influencer le cerveau et le comportement des patients et des praticiens."
L'interdépendance entre sensorialité et motricité est constitutive de notre posture
Après lui s'est exprimé Serge Mesure. Kinésithérapeute, docteur ès sciences de l’Université d’Aix-Marseille, directeur de recherches, il est spécialiste de la posture, l’équilibre et l’intégration corticale. Son exposé portait sur "Posture et équilibre : de la sensorialité à la motricité, tout un processus d'intégration corticale".
"On a longtemps considéré la posture comme étant organisée par des voies réflexes parallèles et hiérarchiques, mais c'est une vision réductrice", a-t-il expliqué. "La posture intègre des notions aussi variées que neurophysiologiques (intégration du tonus, activité électromyographique, réflexes myotatiques, informations sensorielles...), biomécaniques (composantes des forces, de leurs applications, des bras de levier, de la pesanteur...), psychosomatiques et relationnelles (représentation de soi vis-à-vis d'autrui, expression corporelle, moyen d'expression...)."
©Nicolas Pons pour Kiné actualité.
Compte-rendu détaillé à lire dans Kinésithérapie Scientifique n°596 de mars 2018.