Urgences : le plan d'Agnès Buzyn pour désamorcer la crise
Sophie Conrard
- 10 septembre 2019
La ministre de la Santé a dévoilé hier plusieurs mesures destinées à "refonder les urgences". Elle entend notamment s'appuyer sur la médecine de ville pour prendre en charge une partie des soins non programmés.
Une mesure intéressera particulièrement les masseurs-kinésithérapeutes : d'ici quelques mois, ils devraient pouvoir accueillir des patients en accès direct pour la traumatologie bénigne (la ministre cite pour exemple la lombalgie aiguë et l'entorse de cheville) dans le cadre de protocoles de coopération, après avis de la Haute autorité de santé (HAS).
De la même manière, les pharmaciens et les infirmiers verront leurs champs de compétences élargis. L'idée est de "permettre à des professionnels de santé libéraux non médecins" de "prendre en charge les patients dans un cadre sécurisé" en les "dotant de compétences nouvelles".
Soyons clairs : on ne verra pas, du jour au lendemain, tous les patients souffrant du dos ou s'étant tordu la cheville foncer chez leur kinésithérapeute au lieu de passer par la case médecin. Tous les cabinets de kinésithérapie ne seront pas concernés. La mesure touchera vraisemblablement les kinésithérapeutes exerçant en CPTS ou en maison de santé.
Il faudra aussi régler la question d'un éventuel arrêt maladie, de la prescription d'examens d'imagerie si besoin, etc.
La FFMKR, "qui lutte depuis des années pour faire reconnaître la valeur ajoutée d’une prise en charge en première intention par les kinésithérapeutes, en particulier concernant la petite traumatologie, se félicite des annonces de la ministre allant dans ce sens". Elle en profite pour remercier le député Thomas Mesnier, en charge de la mission flash sur les urgences, "qui dès notre première rencontre, en 2018, avait bien compris l'intérêt de s'appuyer sur les kinésithérapeutes pour apporter leur pierre à l'édifice d'une régulation des urgences non vitales".
Agnès Buzyn a par ailleurs annoncé un plan de 750 millions d'euros sur 3 ans pour réorganiser les urgences. Une somme importante (175 millions d'euros) sera consacrée aux personnes âgées, dont l'objectif est qu'elles ne passent plus par les urgences, soit parce qu'elles seront directement orientées en service de gériatrie, soit parce que la prise en charge médicale dans les Ehpad aura été renforcée.
Le document diffusé par Agnès Buzyn n'évoque pas de budget particulier alloué à la prise en charge des soins non programmés par les libéraux non médecins.
Retrouvez tous les détails sur ce "plan de refondation des urgences" dans le Ka n°1550 à paraître le 19 septembre.
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