Protocoles de coopération, une avancée pour la profession
Sophie Conrard
Kiné actualité n° 1562 - 26/03/2020
Le 8 mars ont été publiés au “Journal officiel” 5 arrêtés autorisant divers protocoles de coopération entre les médecins et d’autres professions de santé : infirmiers, pharmaciens, kinésithérapeutes. Ces derniers, s’ils exercent dans une maison de santé pluridisciplinaire ou un centre de santé labellisé par l’ARS compétente [1], pourront recevoir, dans le cadre strict de ces protocoles, des patients sans prescription médicale, pour une entorse de cheville ou une lombalgie aiguë (depuis moins de 4 semaines).
L’objectif est de réduire le nombre de recours aux urgences et les délais de prise en charge, mais aussi de “valoriser la profession de masseur-kinésithérapeute”, précise le texte.
Concernant la douleur lombaire aiguë, les kinésithérapeutes pourront notamment poser le diagnostic de la lombalgie commune, poser l’indication d’un traitement antalgique et prescrire des anti-inflammatoires non stéroïdiens ou du paracétamol, ou encore un arrêt de travail de 1 à 5 jours, pour des patients âgés de 20 à 55 ans. Pour le traumatisme en torsion de la cheville, ils pourront entre autres faire le diagnostic positif de l’entorse, prescrire “via une ordonnance-type” du paracétamol, une aide à la marche ou encore des séances de kinésithérapie dès amélioration de la douleur (6 à 10 séances), et signer un arrêt de travail si nécessaire.
S’organiser en amont avec le médecin délégant
Même si cette formule d’accès direct est réservée à des cas précis, la FFMKR considère qu’il s’agit d’une avancée pour la profession et invite ses adhérents à “s’impliquer dans ces protocoles”, s’ils exercent dans une structure pluriprofessionnelle.
Les structures concernées sont tenues de déclarer auprès de l’ARS compétente chaque membre de l’équipe volontaire pour mettre en œuvre le protocole. Le délégant (un médecin de la structure) et le délégué (le kinésithérapeute volontaire) doivent se mettre d’accord en amont, et partager un logiciel informatique labellisé par l’Asip, grâce auquel tous les 2 auront accès à l’ensemble des informations concernant le patient. “Il faudra fournir très prochainement, sur une application dédiée du site Internet du ministère de la Santé, les pièces justificatives suivantes : accord d’engagement daté et signé, copie d’une pièce d’identité, n° d’enregistrement au tableau de l’Ordre ou fichier professionnel spécifique et son justificatif, attestation sur l’honneur de l’acquisition des compétences exigées pour la mise en œuvre du protocole national”, détaille la Fédération dans un communiqué.
“On peut trouver pénible d’avoir à remplir des papiers et des indicateurs pour mettre en place l’accès direct, mais je crois qu’il faut en passer par là pour rassurer, et pouvoir tirer toute la profession vers le haut. L’idée est de donner les bons réflexes à tout le monde, d’encadrer précisément ces nouvelles pratiques et de se donner les moyens d’en évaluer l’impact”, analyse Laurent Rousseau, vice-président de la FFMKR.
[1] Il semblerait que certaines ARS envisagent d’étendre le dispositif aux CPTS.